Mathématiques 1
MP, MPI ©
ON
4 heures Calculatrice autorisée
Sur le calcul ombral
Objectifs
Ce problème introduit le calcul ombral et propose d'en démontrer certains
résultats.
Historiquement, ce « calcul » reposait sur un ensemble de manipulations
heuristiques sur les indices qui étaient
traités comme des puissances. Pour justifier ces règles, une solution consiste
à utiliser des endomorphismes
agissant sur des polynômes. Ce problème a pour objectif de présenter ces règles
et d'en déduire des identités
polynomiales non triviales.
Notations
-- K désigne R ou C.
-- K[X] désigne l'ensemble des polynômes à coefficients dans K. Dans ce
problème, on identifie polynômes
formels et fonctions polynomiales de K dans K associées. On identifie de plus
les éléments de K aux polynômes
constants.
-- Tout polynôme p EUR K[X] s'écrit de manière unique
+00
p= > ax
k=0
où (a,) est une suite à valeurs dans K nulle à partir d'un certain rang. Si p
n'est pas le polynôme nul, son
degré deg(p) est le plus grand entier k tel que ay; # 0. Par convention, le
degré du polynôme nul est --1
(cette convention est inhabituelle).
-- Si n est un entier naturel, K,,[X] désigne le sous-espace vectoriel de K[X]
des polynômes de degré inférieur
ou égal à n.
-- On note £(K[X]) l'algèbre des endomorphismes de l'espace vectoriel K[X1.
-- On note 7 l'endomorphisme identité de K[X].
-- Les éléments inversibles de l'algèbre £(K[X]) sont les endomorphismes
bijectifs (automorphismes) de Pespace
vectoriel K[X].
-- Pour TE £(KIX)) et p EUR K[X], on note Tp = T(p).
-- D désigne l'endomorphisme de dérivation sur K[X] : Vp EUR K[X], D(p) = Dp =
p'.
-- Si T est un endomorphisme de K[X], on définit la suite d'endomorphismes (T*)
par récurrence : T° = I et,
pour tout kEN, TÉH=TOTR TROT.
I Étude d'endomorphismes de K[X]
IA - Soit a EUR K. Pour tout p EUR K[X], on pose Æ,(p) = E,p = p(X + a).
Q 1. Montrer que Æ, est un automorphisme de K[X].
IB - À tout p EUR R[X], on associe la fonction J(p) -- Jp de R dans R définie
par
æ+1
VzeR, J(p)(x) = Jp(x) = | p(t) dt.
T
Q 2. Montrer que J est un endomorphisme de R[X].
Q 3. Montrer que J conserve le degré et que J est inversible.
I.C - À tout p EUR K[X], on associe la fonction L(p) -- Lp de K dans K définie
par
+00
VzekK, L(p)(x) = Lp(x) = -- | e tp'(x+t)dt.
0
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+00
Q 4. Montrer que | e tt} dt existe pour tout 4 EUR N et calculer sa valeur.
0
Q 5. Montrer que L est un endomorphisme de K[X]. Est-il inversible ?
IT Formule de Taylor pour les endomorphismes shift-invariants de
KEX]
Soit T' un endomorphisme de K[X]. On dit que :
-- T'est shift-invariant si, pour tout a E K, E oT=ToE :
-- T'est un endomorphisme delta si T est shift-invariant et si l'image du
polynôme X par T est une constante
non nulle : TX EUR K*.
IT. À --
Q 6. Soit a EUR K. Vérifier que les endomorphismes Z et D sont
shift-invariants, ainsi que les endomorphismes
E,,J et L définis dans la partie [. Sont-ils des endomorphismes delta ?
Q 7. Montrer que l'ensemble des endomorphismes shift-invariants de K[X] est une
sous-algèbre de Z(K[X]).
L'ensemble des endomorphismes delta de K[X\ est-il stable par addition ? par
composition ?
II.B --
Q 8. Soit (az )ren une suite d'éléments de K. Pour tout polynôme p EUR K[X],
montrer que l'expression
+00
Dm Dr
k=0
a un sens et définit un polynôme de K[X|.
+00 00
On note alors > a, DF l'application de K[X] qui, à un polynôme p EUR K[X],
associe le polynôme > ay DFp.
k=0 k=0
+00
Q 9. Montrer que, pour toute suite (az)en d'éléments de K, > a, D* est un
endomorphisme shift-invariant.
k=0
+00 +00
Q 10. Soit (a )zen EURt (bg)ren des suites d'éléments de K telles que > ay D* =
> b, D.
k=0 k=0
Montrer que, pour tout kEUR N, az = b,.
Tr
Pour tout n EUR N, on définit le polynôme q, = 2. On se donne T' un
endomorphisme de K[X|.
Q 11. Montrer que Test un endomorphisme shift-invariant si, et seulement si,
D = S (Ta)(0)DE.
k=0
Q 12. Montrer que deux endomorphismes shift-invariants de K[X] commutent.
ITI.C -- Dans cette sous-partie, on applique le résultat de la question 11 aux
endomorphismes de la partie I.
Q 13. Pour tout p EUR K[X] non nul et a EUR K, montrer, à l'aide de la question
11, que
où p(F) désigne la dérivée k-ième du polynôme p. Reconnaitre cette formule.
Q 14. Pour p EUR K|X], exprimer Jp en fonction des dérivées pl*) (k EUR N) de p.
Q 15. Démontrer que l'endomophisme D -- I est inversible et exprimer L en
fonction de (D -- 1).
II.D - Dans cette sous-partie, Test un endomorphisme non nul shift-invariant de
K|X|.
On rappelle que le degré du polynôme nul est par convention égal à --1.
Q 16. Montrer qu'il existe un entier naturel n(1') tel que, pour tout polynôme
p EUR K|X|,
deg(Tp) = max{--1, deg(p) -- n(7)}.
Q 17. En déduire ker(T') en fonction de n(T').
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Q 18. Montrer que les trois assertions suivantes sont équivalentes :
(1) Test inversible :
(2) T1Æ#0:
(3) Vp EUR KIXT, deg(Tp) = deg(p).
Q 19. Si ces conditions sont vérifiées, montrer que T° est encore un
endomorphisme shift-invariant.
ILE - Dans cette sous-partie, Test un endomorphisme delta de K[X1.
+00
Q 20. Montrer qu'il existe une suite de scalaires (az)£en vérifiant a = 0, a,
£0 et T = > ay DF.
k=1
Q 21. Montrer qu'il existe un unique endomorphisme Ü shift-invariant et
inversible tel que T = Do U.
Préciser U dans le cas T = D), puis dans le cas T = L.
Q 22. Pour tout polynôme p EUR K[X] non nul, vérifier que deg(T'p) = deg(p) --
1. En déduire ker(T') et le
spectre de 77.
Q 23. Pour n EUR N, on note 7}, la restriction de T' à K,,[X]. Montrer que 7°,
est un endomorphisme de K,,[X|.
Est-il diagonalisable ?
Q 24. Déterminer Im(7,,) en fonction de n EUR N et en déduire que T' est
surjectif.
III Suite de polynômes associée à un endomorphisme delta
On souhaite montrer que, pour tout endomorphisme delta Q, il existe une unique
suite de polynômes (q,, )hen
de K[X] telle que
-- do = 1:
-- VnEN, deg(g) = n;
-- VnEeN*, q,(0) = 0:
-- VnEN*,Qq, = q;_1.
Cette suite sera appelée suite de polynômes associée à l'endomorphisme delta Q.
IIT.ÀA -- Soit Q un endomorphisme delta.
Q 25. Montrer l'existence et l'unicité de la suite (q,),en de polynômes
associée à Q.
Q 26. Montrer que, pour tout entier naturel n,
Tv
Vix,y)Ek, ar +y) = D q(r)qn r(y).
k=0
ITII.B -- Réciproquement, soit (q, ),en une suite de polynômes de K[X] telle
que Vn EUR N, deg(q,) = n et
Tv
VAyek?, ax +y) = qu(r)qn e(U).
Q 27. Montrer qu'il existe un unique endomorphisme delta Q dont (q,, ),-n est
la suite de polynômes associée.
III.C -- Soit Q un endomorphisme delta, soit (q, ),.-eu la suite de polynômes
associée à Q et soit n un entier
naturel.
Q 28. Montrer que la famille (q0:41:..., Q,) est une base de K,,[X|.
Q 29. D'après la question 23, Q induit un endomorphisme de K,,[X] noté Q,,.
Donner sa matrice dans la
base précédente. En déduire sa trace, son déterminant et son polynôme
caractéristique.
TIITI.D -- Dans cette sous-partie, on détermine la suite (q,),en de polynômes
associée à certains endomor-
phismes.
Q 30. Pour Q = D, vérifier que
Vn EN, a =
Q 31. Pour Q = FE, -- 1, vérifier que
X(X --1).(X ---n+1)
n!
Vn EUR N°, An =
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ITI.E -- Cette sous-partie propose de généraliser la formule de Taylor
démontrée dans la partie II. On se
donne Q un endomorphisme delta et on note (q,),en la suite de polynômes
associée à Q.
+00
Q 32. Démontrer que, pour tout p EUR K|X], l'expression d_(QFp)(0)æ a un sens
et définit un polynôme de
k=0
K[X], puis que
+00
D -- D _(Qp)(0)q.
k=0
Q 33. En déduire que, pour tout endomorphisme shift-invariant T, on a
+00
T = S (Ta)(0)Qr.
k=0
TII.F --
Q 34. En choisissant Q = E, -- 1, démontrer que, si p est un polynôme non
constant, alors
deg(p) k | Le
one PE (Scans)
k=1 j--=0
ler
C'est la formule de dérivation numérique des polynômes.
IV Ün peu de calcul ombral
Si Test un endomorphisme de K[X] on définit sa dérivée de Pincherle, notée T1",
comme l'endomorphisme de
K[X] tel que,
VpEKIX], T"(p) = T(Xp) -- XT(p).
IV.A -- Soient S et T deux endomorphismes de K[X|.
+00 +00
Q 35. Montrer que, s'il existe (a, ),en suite de scalaires telle que T' = > a,
DF, alors 1" = > ka, D,
k=0 k=1
Q 36. Si T' est un endomorphisme shift-invariant, montrer que 7" est encore un
endomorphisme shift-inva-
riant.
Q 37. Si T'est un endomorphisme delta, montrer que 7" est un endomorphisme
shift-invariant et inversible.
Q 38. Vérifier que (S 07) = S'oT+S0eT".
IV.B - Soit Q un endomorphisme delta. On rappelle que d'après la partie IT, il
existe un unique endomor-
phisme Ü shift-invariant et inversible tel que Q = D e U. On note (q,),en la
suite de polynômes associée à Q
au sens de la partie TIT.
Q 39. Démontrer que, pour tout n EUR N*',on a
(Q'oU "M )(XN) = XU (XD),
Q 40. En déduire que, pour tout n EUR N*,
na, (X) = XU-"(X" 1)
puis que
nn(X) = X(Q') 7 (qn-1):
IV.C -- Dans cette sous-partie, on applique les résultats de la question 40 à
l'endomorphisme ZL étudié dans
les parties I et II. On note (4,,),-.u sa suite de polynômes associée au sens
de la partie IIL.
Q 41. Vérifier que, pour n EUR N*,
, --= lo Lo
et
XUT -- XU7 + nl, = 0
et
EN
#
Ï
GE
n--1\x#*
CD f _ : kl°
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IV.D -- Soient Q un endomorphisme delta de suite de polynômes associée notée
(q,, ),en:
Q 42. Montrer qu'il existe un unique endomorphisme inversible T tel que
Vn e N, Tq, = _.
Q 43. Montrer aussi que D=ToQoT t.
IV.E --- On fixe a > 0 et on définit la fonction W de K[X\ par
KIX] -- KIX]
W :
p ER p(aX)
Q 44. Montrer que W est un automorphisme de K[X].
On pose P=W © LoW 1 où L est l''endomorphisme étudié dans les parties I et IL.
Q 45. Montrer que
_1
P -- ln, (ip-1)
a a
Q 46. Montrer ensuite que P est un endomorphisme delta dont la suite de
polynômes associée (p,,),en vérifie
Vne N, Pn = L,(aX).
Q 47. Vérifier que D = Lo(L--1)"* puis que P = Lo (al +(1-- a)L) --.
Tv
On note T l'unique automorphisme vérifiant, pour tout n EN, TE, -- _. et on
pose Q = T'oPoT-t.
Q 48. Montrer que Q = Do (al + (1 -- a)D) .... En déduire que Q est un
endomorphisme delta dont la suite
de polynômes associée (r,,),en vérifie
Vn EUR N°, Th = k Je -- ak
Q 49. Conclure que
Vn EUR N°, L,(aX) = ÿ- k : a" (1 -- a) FL, (X).
Les endomorphismes W et T étudiés dans la sous-partie IV.E sont appelés
opérateurs ombraux. Les polynômes
(£,,) associés à l'endomorphisme L sont connus sous le nom de polynômes de
Laguerre (de paramètre --1). La
dernière formule démontrée grâce aux opérateurs ombraux est leur formule de
duplication.
eceerINee.e
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