ÉCOLE POLYTECHNIQUE ÉCOLES NORMALES SUPÉRIEURES
CONCOURS D'ADMISSION 2015
FILIÈRE MP
COMPOSITION DE MATHÉMATIQUES A (XLCR)
(Durée : 4 heures)
L'utilisation des calculatrices n'est pas autorisée pour cette épreuve.
Pour n 1, l'espace des polynômes à coefficients réels de degré inférieur ou
égal à n est
noté Rn [X]. Étant donnés deux polynômes non nuls P et Q à coefficients réels,
leur plus grand
commun diviseur (pgcd) unitaire est noté P Q.
Si r > 1 est un second entier, Mr,n (R) désigne l'espace vectoriel des matrices
à r lignes et
n colonnes à coefficients complexes. La notation M = (mij ) signifie que le
coefficient à la ligne
i et colonne j de la matrice M est mij . On note plus simplement Mn (R) = Mn,n
(R), dont la
matrice identité est In Mn (R). Le polynôme caractéristique M de M Mn (R) est
défini
par
M (X) = det(XIn - M ).
Le polynôme caractéristique est donc unitaire.
Pour M Mr,n (R), tM Mn,r (R) désigne la matrice transposée. On rappelle qu'une
matrice carrée M Mn (R) est symétrique si tM = M , orthogonale si tM M = In .
On notera
Sn (R) (respectivement On (R)) l'ensemble des matrices symétriques (resp.
orthogonales) de taille
n. Étant donné un n-uplet (a1 , . . . , an ) de nombres réels,
a1
..
(a1 , . . . , an ) =
.
an
désigne la matrice diagonale associée.
Si M Sn (R), son spectre est réel. On convient de ranger ses valeurs propres
(comptées
avec leurs ordres de multiplicité) dans l'ordre décroissant 1 > · · · > n . On
note alors Sp(M ) =
(1 , . . . , n ), qui est donc un n-uplet ordonné.
b = (1 > · · · > n+1 ) Rn+1 et un n-uplet µ
Un n + 1-uplet
b = (µ1 > · · · > µn ) Rn ,
ordonnés, sont dit enlacés si j > µj > j+1 pour tout j {1, . . . , n}. Ils
sont strictement
enlacés si j > µj > j+1 pour tout j. Par exemple, (4, 3, 2, 1) et (, e, 2) sont
strictement
enlacés.
Questions préliminaires
1. (a) Montrer que On (R) est un sous-groupe du groupe GLn (R) des matrices
inversibles.
(b) Montrer que On (R) est une partie compacte de Mn (R).
2. Soit M et N dans Sn (R). Montrer qu'il existe U On (R) tel que N = U M U -1
, si et
seulement si M = N .
b = (1 > · · · > n+1 ) Rn+1 et µ
3. Soit
b = (µ1 > · · · > µn ) Rn . Soit x R. Formons
b = (1 > · · · > i > x > i+1 > · · · > n+1 )
en choisissant l'entier i {0, . . . , n + 1} convenablement. Si x > 1 , on a
donc i = 0, tandis
que si x 6 n+1 , on a i = n + 1. On forme de même
µ
b = (µ1 > · · · > µj > x > µj+1 > · · · > µn ).
b et µ
On suppose que
b sont enlacés. Montrer que j 6 i 6 j + 1. En examinant chacun des
b et µ
deux cas j = i ou i - 1, montrer que
b sont enlacés.
1
Première Partie
Soit µ
b = (µ1 > · · · > µn ) Rn .
4. On définit les polynômes
Q0 =
n
Y
(X - µk ) et j {1, . . . , n},
Pj =
k=1
Q0
.
(X - µj )
(a) Montrer que la famille (Q0 , P1 , P2 , . . . , Pn ) est une base de Rn [X].
(b) Soit j {1, . . . , n}. Vérifier que (-1)j-1 Pj (µj ) > 0.
5. Soit P R[X] un polynôme unitaire de degré n + 1.
(a) Montrer qu'il existe un unique vecteur (a, 1 , 2 , . . . , n ) Rn+1 tel que
P = (X - a)Q0 -
n
X
(1)
j Pj .
j=1
(b) On suppose que les nombres réels 1 , . . . , n sont tous strictement
positifs. Montrer
b = (1 > · · · > n+1 )
que P a n + 1 racines réelles distinctes 1 > · · · > n+1 , et que
et µ
b sont strictement enlacés.
(c) Réciproquement, on suppose que P a n + 1 racines réelles distinctes 1 > · ·
· > n+1 ,
b = (1 > · · · > n+1 ) et µ
et que
b sont strictement enlacés. Montrer que, pour tout
j {1, . . . , n}, j > 0.
6. On se donne des entiers mk > 1 pour k = 1, . . . , n. On pose
Q1 =
n
Y
(X - µk )mk
et, cette fois-ci, Pj =
k=1
Montrer que
Q1 Q1
=
n
Y
(X - µk )mk -1 .
k=1
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Q1
.
X - µj
7. Soit (a, 1 , 2 , . . . , n ) Rn+1 et soit P R[X] défini par la formule
P = (X - a)Q1 -
n
X
j Pj .
j=1
(a) Donner une expression de P Q1 en fonction des µj , des mj et de l'ensemble
J des
indices pour lesquels j = 0.
(b) On suppose que les nombres 1 , . . . , n sont positifs ou nuls.
Montrer que les racines de P sont toutes réelles.
On admettra par la suite que, dans ce cas le plus général, le (N + 1)-uplet des
racines
de P et le N -uplet des racines de Q1 sont enlacés.
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Deuxième Partie
8. Soit r et s deux entiers naturels non nuls. Soit A Mr (R), B Mr,s (R), C
Ms,r (R)
et D Ms (R). On suppose de plus que A est inversible. On considère la matrice
M
Mr+s (R) ayant la forme par blocs suivante
A B
M=
.
C D
Trouver deux matrices U Mr,s (R) et V Ms (R) telles que
A 0
Ir U
M=
·
.
C Is
0 V
et en déduire que
det(M ) = det(A) · det(D - CA-1 B).
On pourra admettre par la suite que cette formule reste vraie lorsque M et ses
blocs A, . . . , D
sont à coefficients dans le corps R(X) des fractions rationnelles.
9. Soit M Sn+1 (R) une matrice symétrique. On écrit M sous la forme par blocs
A y
M= t
.
y a
avec a R, y Mn,1 (R) et A Sn (R).
(a) Si le spectre de A est Sp(A) = (µ1 > · · · > µn ), montrer qu'il existe U
On+1 (R) et
z Mn,1 (R) tels que
(µ1 , . . . , µn ) z
t
UM U =
.
tz
a
(b) En déduire qu'il existe des nombres réels positifs ou nuls j (pour j = 1, .
. . , n) tels
que
n
n
Y
X
Q0
,
où Q0 =
(X - µk ).
j
M = (X - a)Q0 -
(X - µj )
j=1
k=1
(c) Montrer que Sp(M ) et Sp(A) sont enlacés.
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10. Pour T = (tij ) Mn+1 (R), on note T6n la matrice extraite de taille n dont
les coefficients
sont les tij pour 1 6 i, j 6 n. Soit M Sn+1 (R). Montrer que l'ensemble
{Sp((U M U -1 )6n ) Rn , pour U parcourant On+1 (R)},
noté CM , est une partie compacte de Rn .
11. On suppose de plus que les valeurs propres de M sont distinctes. On a donc
Sp(M ) = (1 >
· · · > n+1 ).
(a) Soit µ
b = (µ1 > · · · > µn ) tel que Sp(M ) et µ
b soient strictement enlacés. Montrer que
µ
b appartient à CM .
(b) Montrer que
CM = {b
µ = (µ1 > · · · > µn ), tels que Sp(M ) et µ
b soient enlacés}.
3
(2)
Troisième Partie
On considère l'application
Diagn :
Sn (R)
-
Rn
M = (mij ) 7- (m11 , m22 , . . . , mnn ).
Soit M Sn (R). Dans cette partie, on se propose d'étudier l'ensemble suivant
DM = {Diag n (U M U -1 ), pour U parcourant On (R)}.
12. On étudie d'abord le cas n = 2. On note alors Sp(M ) = (1 > 2 ).
Montrer que DM est le segment de R2 dont les extrémités sont (1 , 2 ) et (2 , 1
).
13. Soit M = (mij ) Sn (R). On note Sp(M ) = (1 > · · · > n ) Rn . On se
propose de
démontrer que, pour tout s {1, . . . , n}, on a :
s
X
i=1
mii 6
s
X
i .
(3)
i=1
(a) Que pensez-vous du cas s = n ?
Pn-1
(b) Exprimer
i=1 mii au moyen des valeurs propres de la matrice M6n-1 obtenue en
supprimant la dernière ligne et la dernière colonne de M . En déduire
l'inégalité (3)
lorsque s = n - 1.
(c) En procédant par récurrence sur n, montrer l'inégalité (3), pour tout s
{1, . . . , n}.
4
Quatrième Partie
14. On note E l'espace vectoriel R2 muni du produit scalaire standard et de la
base
canonique
1
B = {e1 , e2 }. On définit une base C = {1 , 2 } de E par 1 = e1 et 2 = 2 (e1 +
3 e2 ).
(a) Soit s1 : E-E la symétrie orthogonale
par
rapport à la droite R1 . Montrer que la
1 1
.
matrice de s1 dans la base C est
0 -1
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(b) Soit s2 : E-E la symétrie orthogonale
par
rapport à la droite R2 . Montrer que la
-1 0
matrice de s2 dans la base C est
.
1 1
15. Soit H l'ensemble des vecteurs (m1 , m2 , m3 ) R3 tels que m1 + m2 + m3 =
0. On note H +
le sous-ensemble des (m1 , m2 , m3 ) H tels que m1 > m2 > m3 . On considère
l'application
:
H
-
E
(m1 , m2 , m3 ) 7- (m1 - m2 )1 + (m2 - m3 )2 .
(a) Montrer que est un isomorphisme linéaire. Décrire (H + ).
(b) Montrer que, pour tout (m1 , m2 , m3 ) H, on a
s1 (m1 , m2 , m3 ) = (m1 , m3 , m2 ) et s2 (m1 , m2 , m3 ) = (m2 , m1 , m3 ).
b = (1 , 2 , 3 ) H tel que 1 > 2 > 3 . On note Qb l'ensemble des
(c) Soit
(m1 , m2 , m3 ) H + tels que m1 6 1 et m1 + m2 6 1 + 2 . Montrer que (Qb )
est un quadrilatère dont on décrira les sommets.
16. Soit M S3 (R) une matrice de trace nulle. On note Sp(M ) = (1 > 2 > 3 ).
On se
propose de décrire (DM ).
(a) Soit (m1 , m2 , m3 ) H. Soit une permutation de {1, 2, 3}. Montrer que
(m1 , m2 , m3 )
DM si et seulement si (m(1) , m(2) , m(3) ) DM .
(b) En utilisant la question 13, montrer que l'intersection H + DM est incluse
dans Qb .
(c) Soit (m1 , m2 , m3 ) DM . Montrer que le segment de H dont les sommets
sont (m1 , m2 , m3 )
et (m2 , m1 , m3 ) est inclus dans DM . On pourra utiliser la question 12.
De même, montrer que le segment de H dont les sommets sont (m1 , m2 , m3 ) et
(m1 , m3 , m2 )
est inclus dans DM .
(d) Montrer que DM contient Qb .
(e) Montrer que si 1 > 2 > 3 alors (DM ) est un hexagone, dont on déterminera
les
sommets.
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