ECOLE POLYTECHNIQUE
ECOLES NORMALES SUPERIEURES
CONCOURS D'ADMISSION 2017
FILIERE MP
COMPOSITION DE MATHEMATIQUES A (XLCR)
(Dure: 4 heures)
L'utilisation des calculatrices n'est pas autorisee pour cette epreuve.
Dans tout le probleme
· E est un R-espace vectoriel de dimension finie n N ,
· Id est l'application identite sur E: Id(x) = x pour tout x E,
· L(E) est l'algebre des endomorphismes de E,
· GL(E) est le groupe des automorphismes de E,
· E = L(E, R) est l'espace vectoriel des formes lineaires sur E,
· A(E) est l'espace vectoriel des applications : E × E R qui sont bilineaires
et antisymetriques, c'est-a-dire qui verifient, quel que soit (x, y, z) E 3 et
quel que soit R,
(x + y, z) = (x, z) + (y, z) ,
(x, y + z) = (x, y) + (x, z) ,
(x, y) = -(y, x) .
Pour tout A(E) et x E, on note (x, ·) la forme lineaire definie par
(x, ·) : E R
y 7 (x, y)
Pour tout A(E), on note l'application lineaire definie par
: E E
x 7 (x, ·)
Un element de A(E) est appele forme symplectique sur E si est un isomorphisme
de
E sur E .
Un element J de L(E) est appele structure complexe sur E s'il verifie J 2 = -Id.
On dit qu'une forme symplectique sur E dompte une structure complexe J si (x,
J(x)) > 0
pour tout x E \ {0}.
·
·
·
·
On note
Mn (R) l'algebre des matrices carrees de taille n a coefficients reels,
GLn (R) le groupe des matrices inversibles de taille n a coefficients reels,
In la matrice unite de taille n,
lorsque n est pair, Jn la matrice carree de taille n definie par blocs
!
0 -I n2
Jn =
I n2
0
1
· det l'application determinant sur Mn (R),
· t M la transposee de la matrice M .
On identifie tout element de M1 (R) a un nombre reel.
La partie I est utilisee dans les parties III et IV. Les parties II et III
independantes entre
elles, sont utilisees dans la partie IV.
Partie I: Bases symplectiques
1. Montrer que la dimension de l'espace vectoriel E vaut n.
2. Montrer que (x, x) = 0 pour tout A(E) et pour tout x E.
3. Soit A(E) et B = (b1 , . . . , bn ) une base de E.
(a) Montrer qu'il existe une unique matrice M Mn (R), dont on precisera les
coefficients,
telle que pour tout (x, y) E 2 , (x, y) = t XM Y ou X, Y Rn sont les matrices
colonnes representant respectivement x et y dans la base B:
x1
y1
x = x 1 b1 + · · · + x n bn ,
..
..
X = . , Y = . ,
y = y 1 b1 + · · · + y n bn .
xn
yn
On notera alors M = MatB ().
(b) Montrer que M est antisymetrique, c'est-a-dire que t M = -M .
(c) Montrer que l'espace vectoriel A(E) est de dimension 1 lorsque E est de
dimension 2.
(d) Montrer l'equivalence entre les trois enonces suivants.
(E1 ): est une forme symplectique sur E.
(E2 ): Pour tout x E \ {0}, il existe y E tel que (x, y) 6= 0.
(E3 ): MatB () est inversible.
4. Montrer que, s'il existe une forme symplectique sur E, alors E est de
dimension paire.
Dorenavant, jusqu'a la fin du probleme, n est un entier pair > 2.
5. Montrer que l'application 0 definie par
0 : R n × Rn
(X, Y ) 7
R
t XJ
nY
est une forme symplectique sur Rn .
Jusqu'a la fin de cette partie, on fixe une forme symplectique sur E.
Le but des questions 6 a 9 est de montrer qu'il existe une base B de E telle que
MatB () = Jn .
6. Traiter le cas ou E est de dimension 2.
7. Soit F un sous-espace vectoriel de E .
2
(a) Montrer que, pour toute forme lineaire u : F R, il existe une forme
lineaire u
e:E
R dont la restriction a F coincide avec u.
On note F le sous-espace vectoriel de E defini par
F = {x E : y F, (x, y) = 0}
et F l'application lineaire definie par
F : E F
x 7 (x)|F
ou (x)|F est la restriction de (x) a F .
(b) Montrer que la restriction de a F × F est une forme symplectique sur F si
et
seulement si F F = {0}.
(c) Quels sont le noyau et l'image de F ?
(d) Montrer que dim(F ) + dim(F ) = dim(E).
(e) Montrer que, si la restriction de a F × F est une forme symplectique sur F
, alors
E = F F et la restriction de a F × F est une forme symplectique sur F .
8. Montrer par recurrence qu'il existe une base Be de E telle que
J2 0 · · · 0
.
0 J2 . . . ..
MatBe() = . .
..
.
.
.
.
. 0
0 · · · 0 J2
9. Conclure. En deduire que dompte au moins une structure complexe sur E.
Partie II: Deux outils sur les polynomes
On note Rd [X] l'espace vectoriel des polynomes de degre 6 d a coefficients
reels,
pour tout d N.
10. Soit P, Q R[X] des polynomes non nuls de degres respectifs p et q
strictement positifs.
Montrer que l'application lineaire LP,Q definie par
LP,Q : Rq-1 [X] × Rp-1 [X] Rp+q-1 [X]
(V, W )
7 V P + W Q
est un isomorphisme si et seulement si P et Q sont premiers entre eux dans R[X].
11. Soit d N . Construire une application
r : Rd [X] R
P 7 r(P )
polynomiale en les coefficients de P , telle que, si r(P ) est non nul, alors
les racines de P
dans C sont simples.
Indication: On pourra utiliser la question precedente.
3
12. Soit d N et f une fonction polynomiale sur Rd . On suppose que la fonction
f est non
nulle. Montrer que f -1 (R \ {0}) est dense dans Rd .
Indication: On pourra utiliser le fait qu'un polynome non nul a une variable
n'a qu'un
nombre fini de racines.
Dans les parties III et IV, on fixe deux formes symplectiques et 1 sur E.
Partie III: Reduction simultanee
13. Montrer qu'il existe un unique u GL(E) tel que 1 (x, y) = (u(x), y) pour
tout (x, y)
E 2 . Montrer alors que u appartient a l'ensemble S defini par
S = u GL(E) : (x, y) E 2 , x, u(y) = u(x), y .
Dans les questions 14 a 19, on suppose que E est de dimension 4.
14. Soit B une base de E telle que MatB () = J4 . Soit U M4 (R) la matrice de
u dans la
base B.
(a) Quelle relation y a-t-il entre les matrices J4 et U ?
(b) Montrer qu'il existe N M2 (R) et , R tels que
!
#
N J2
U=
.
J2 t N
(c) Determiner, en fonction de N , et les coefficients du polynome T defini
par T (X) =
det(N - XI2 ) + . Montrer que T est un polynome annulateur de U .
Dans les questions 15 a 19, on suppose que u n'admet aucune valeur propre
reelle.
Le but des questions 15 a 19 est de montrer qu'il existe une base Be de E, r > 0
et R \ Z tels que
MatBe() = J4
ou R =
!
et
MatBe(1 ) = r
!
0 -R-
R
0
#
#
cos - sin
.
sin cos
15. Montrer que U est diagonalisable sur C. En deduire qu'il existe C \ R et
des vecteurs
Z et Y de C4 lineairement independants sur C tels que U Z = Z et U Y = Y .
16. Soient Z1 , Z2 , Y1 , Y2 des vecteurs de R4 tels que Z = Z1 + iZ2 et Y = Y1
+ iY2 . Soient
(z1 , z2 , y1 , y2 ) E 4 de coordonnees respectives Z1 , Z2 , Y1 , Y2 dans la
base B. Montrer que
Be := (z1 , z2 , y1 , -y2 ) est une base de E.
17. Montrer que
(z1 , z2 ) = (y1 , y2 ) = 0 ,
(z1 , y1 ) = -(z2 , y2 ) ,
(z1 , y2 ) = (z2 , y1 ) .
4
18. Montrer que, quitte a remplacer Y par Y avec C \ {0} bien choisi, on a
(z1 , y1 ) = -1
et (z1 , y2 ) = 0.
19. Montrer qu'il existe r > 0 et R \ Z tels que
R
0
MatBe(u) = r
0 R-
!
et conclure.
Jusqu'a la fin de cette partie, on ne fait plus d'hypothese sur la dimension de
E
ni sur l'endomorphisme u. On considere un polynome P R[X] annulateur de
u et une decomposition P = P1 · · · Pr , ou r N et P1 , . . . , Pr sont des
polynomes
premiers entre eux deux a deux dans R[X]. On note Fj = ker[Pj (u)] pour j =
1, . . . , r.
20. Montrer que E = F1 · · · Fr et que Fj est stable par u pour j = 1, . . .
, r.
21. Montrer que, pour tous j et k appartenant a {1, . . . , r} et distincts, on
a Fk Fj et
Fk Fj1 (la notation F est definie en question 7).
On dit alors que F1 , . . . , Fr sont deux a deux orthogonaux pour et pour 1 .
22. En deduire que, pour tout j {1, . . . , r}, les restrictions de et 1 a Fj
× Fj sont des
formes symplectiques sur Fj .
23. On suppose que le polynome caracteristique de u est a racines au plus
doubles dans C.
Montrer que E est la somme directe de sous-espaces de dimension 2 ou 4, deux a
deux
orthogonaux pour et 1 , et sur lesquels les restrictions de et 1 sont des
formes
symplectiques.
Partie IV: Structures complexes domptees simultanement
Dans cette partie, nous allons etudier les liens entre les propositions
(F1 ) : Il existe une structure complexe domptee par et par 1 .
(F2 ) : Le segment [, 1 ] = {(1 - ) + 1 ; [0, 1]} est inclus dans
l'ensemble des formes symplectiques sur E.
24. Soit u l'automorphisme de E defini en question 13. On suppose que (F2 ) est
satisfaite et
que le polynome caracteristique de u est a racines au plus doubles dans C.
Montrer que
(F1 ) est satisfaite.
Indication: On pourra demontrer puis utiliser le fait que, pour tout R \ Z,
il existe
R tel que, pour tout X R2 \ {0}, t XR X > 0 et t XR+ X > 0.
25. Soit S l'ensemble defini en question 13. Montrer que l'ensemble des
elements de S, dont le
polynome caracteristique P est a racines au plus doubles dans C, est dense dans
S.
Indication: On pourra utiliser r(P ) ou l'application r est definie en
question 11.
26. Que peut-on conclure?
5