ECOLE DES PONTS PARISTECH
SUPAERO (ISAE), ENSTA PARISTECH,
TELECOM PARISTECH, MINES PARISTECH,
MINES DE SAINTETIENNE, MINES DE NANCY,
TELECOM BRETAGNE, ENSAE PARISTECH (FILIERE MP)
ECOLE POLYTECHNIQUE (FILIERE TSI)
CONCOURS D'ADMISSION 2011
SECONDE EPREUVE DE PHYSIQUE
Filiere MP
(Duree de l'epreuve: 3 heures)
L'usage de la calculatrice est autorise
Sujet mis a disposition des concours : Cycle international, ENSTIM, TELECOM
INT, TPEEIVP
Les candidats sont pries de mentionner de facon apparente sur la premiere page
de la copie :
PHYSIQUE II -- MP.
L'enonce de cette epreuve comporte 5 pages.
Si, au cours de l'epreuve, un candidat repere ce qui lui semble etre une
erreur d'enonce, il est invite a le
signaler sur sa copie et a poursuivre sa composition en expliquant les raisons
des initiatives qu'il aura ete
amene a prendre.
Il ne faudra pas hesiter a formuler les commentaires (incluant des
considerations numeriques) qui vous
sembleront pertinents, meme lorsque l'enonce ne le demande pas explicitement.
Le bareme tiendra compte
de ces initiatives ainsi que des qualites de redaction de la copie.
A PROPOS DE CONDUCTION ELECTRIQUE
Ce probleme etudie deux situations de conduction electrique en presence, entre
autres, de champs
magnetiques : dans un solide semi-conducteur(partie I) et dans un fluide
conducteur (partie II). Ces
deux parties sont completement independantes ; dans chacune de ces deux
parties, de nombreuses
questions peuvent aussi etre abordees de maniere independante, sous reserve
eventuellement d'admettre certains resultats fournis par l'enonce.
Les vecteurs sont notes en caracteres gras : r, j. Les vecteurs ex , ez , etc.
. . designent les vecteurs unitaires selon les axes Ox, Oz, etc. . . Un certain
nombre de formules d'analyse vectorielle sont rappelees
en fin d'enonce.
I. -- Conduction dans un solide semi-conducteur
Les mesures de conductivite et d'effet Hall jouent un role important dans
l'etude theorique des milieux
semi-conducteurs. Ces mesures sont en general menees sur des echantillons plans
dont l'epaisseur
constante est faible devant les autres longueurs intervenant dans le probleme.
Le materiau considere
est un conducteur de conductivite , comportant des porteurs de charge mobiles
de charge q en densite
particulaire (nombre de particules par unite de volume) n. On notera R = 1/nq
la constante de Hall
du materiau. L'ensemble de l'etude est menee en regime permanent. En l'absence
de tout champ
magnetique, la loi d'Ohm j = E caracterise le materiau etudie.
I.A. -- Mesure directe de la conductivite
Le courant electrique i est amene en un point A du materiau par un fil,
perpendiculaire a la plaque,
confondu avec l'axe (Az). Ce fil est relie au materiau par une electrode
cylindrique de faible rayon. Ce
courant electrique repart par un fil de meme nature et fixe de la meme maniere
au point D ; l'ensemble
est represente sur la figure 1.
A propos de conduction electrique
F IG . 1 Mesure directe de resistance d'une plaque mince conductrice
1 -- On considere tout d'abord une situation simplifiee, a symetrie
cylindrique, dans laquelle on
supprime le contact de depart en D. Le courant arrivant en A se repartit donc
dans l'ensemble du
materiau avec la symetrie de revolution d'axe (Az) : la densite volumique de
courant j en un point M
s'y ecrit j(M) = j(r)er , ou r designe la distance de M a l'axe (Az) et er le
vecteur unitaire radial de
cet axe. Exprimer j(r) en fonction de r, et i. On considere deux points M1 et
M2 de la plaque et on
note r1 = AM1 et r2 = AM2 . Determiner la difference de potentiel V (M1 ) -V
(M2 ) en fonction de i, ,
et du quotient r2 /r1 .
2 -- On remet en place le contact de depart du courant en D. En procedant par
superposition
de deux situations analogues a celle de la question 1, determiner la nouvelle
expression de V (M1 ) -
V (M2 ) en fonction de i, , , r1 , r2 , r1 = DM1 et r2 = DM2 . Que vaut cette
difference de potentiel si
M1 et M2 sont sur la mediatrice du segment AD ? Commenter ce resultat.
3 -- On note = AD et a le rayon des electrodes cylindriques de contact
electrique en A et D ;
ces electrodes sont formees d'un materiau metallique tres bon conducteur
electrique et sont donc
considerees comme equipotentielles, de potentiels respectifs VA et VD . Montrer
que si /a 1 la
resistance electrique de la plaque s'ecrit sous la forme R R0 ln (/a), ou l'on
exprimera R0 en fonction de et .
4 -- Application numerique : l'epaisseur de la plaque
de semi-conducteur est = 1, 0 mm. On realise le dispositif de la figure 1 avec
= 2 cm et a = 0, 5 mm. La
conductivite du materiau (silicium dope) est = 2, 2 ×
104 S·m-1 . Calculer R, commenter la valeur numerique ;
la mesure de R est-elle facile ?
Pour limiter les erreurs dans les mesures de tension on
utilise la geometrie de van der Pauw qui elimine l'influence du diametre des
electrodes. Sur la figure 2, les
electrodes A et D sont utilisees pour l'arrivee et le depart
du courant, et les electrodes P et Q pour la mesure de
difference de potentiel u = V (P) -V (Q). On definit enF IG . 2 Geometrie de
van der Pauw : les
fin la resistance parallele R// = u/i.
points A, P, Q et D forment dans cet ordre
5 -- Determiner R// en fonction de et .
un carre.
Page 2/5
Physique II, annee 2011 -- filiere MP
I.B. -- Effet Hall
La plaque infinie de la figure 1 est maintenant soumise au champ
magnetostatique uniforme B = Bez ,
perpendiculaire a la plaque. Celle-ci etant tres mince, le vecteur j reste
contenu dans le plan forme par
la plaque, on a donc jz = j · ez = 0 et les deux autres composantes de j qui ne
dependent que de r et .
On peut ainsi ecrire j = jr (r, )er + j (r, )e . Dans le cadre du modele de
Drude, on considere que
les porteurs mobiles de charge q, de masse m et de vitesse v associes au
courant j sont soumis a une
force de frottement visqueux de la forme F = - f v. Certains aspects de cette
force seront developpes
dans la partie II.
6 -- En l'absence de tout champ magnetique, ecrire l'equation du mouvement d'un
porteur de
charge associe au courant j. Montrer alors qu'en regime permanent, il existe
une relation lineaire
entre j et E. Comment s'appelle le coefficient de proportionnalite ?
7 -- En presence du champ magnetique B que devient l'equation du mouvement ?
Par analogie
avec la question precedente determiner, en regime permanent, la relation entre
j, E et B mettant en
jeu la conductivite et la constante de Hall R.
On cherche a montrer que la presence du champ magnetique B ne modifie pas,
compte tenu des
conditions aux limites, l'allure des lignes de courant et en particulier que la
plaque reste localement
neutre, c'est-a-dire que la densite volumique de charge est partout nulle.
8 -- Determiner en regime permanent la valeur de div j.
9 -- Determiner, toujours en regime permanent, l'expression de rot(j B).
10 -- En utilisant les resultats des questions 7, 8 et 9
ainsi que deux equations de Maxwell montrer qu'en regime
permanent la plaque reste en tout point localement neutre.
On considere maintenant la geometrie de la figure 3, on mesure la difference de
potentiel u = V (P) -V (Q) et on definit
dans cette geometrie la resistance R = u/i.
11 -- Exprimer la difference de potentiel u = V (P) -
V (Q) en fonction de E, puis de Ey = E · ey . En deduire l'exF IG . 3
Geometrie de van der Pauw :
pression de la resistance R en fonction de R, B et .
les points A, P, D et Q forment dans
12 -- A quoi peut servir dans la pratique une telle mesure cet ordre un carre.
de resistance ?
FIN DE LA PARTIE I
II. -- Conduction dans un plasma a basse frequence
Le plasma etudie ici est un fluide forme de deux types de particules : des
electrons, de masse me et
de charge qe = -e, en densite particulaire (nombre de particules par unite de
volume) uniforme n0 et
des ions, de masse m p et de charge q p = +e, en meme densite n0 . L'ensemble
est soumis au champ
electromagnetique E, B en regime variable ; on notera, dans le referentiel
d'etude, ve et v p les vitesses
des electrons et des ions en un point donne du plasma. La densite volumique de
courant resultant des
mouvements des particules est notee j. Le plasma etant partout localement
neutre, on aura div j = 0.
II.A. -- Courant electrique dans le plasma
13 -- Dans quelles conditions peut-on faire l'approximation rot B = µ0 j ? Quel
est le nom de cette
approximation ? On conservera cette approximation dans toute la suite.
Page 3/5
Tournez la page S.V.P.
A propos de conduction electrique
II.B. -- Vitesses, courant et forces
14 -- Proposer un minorant (numerique) du rapport m p /me .
15 -- Quelle est la signification physique de la grandeur V definie par (m p
+me )V = m p v p +me ve ?
Exprimer les vitesses v p et ve en fonction de V, de la densite volumique de
courant j et de n0 et e ;
simplifier ces expressions compte tenu du fait que m p me . On conservera
cette approximation dans
toute la suite.
On considere un element de volume d du plasma dans lequel se trouve dN = n0 d
ions et autant
d'electrons ; on cherche a exprimer les forces dF p et dFe respectivement
exercees sur ces ions et ces
electrons, en negligeant toute force de pression. Les particules ne sont donc
soumises qu'aux forces
electromagnetiques et aux effets des collisions. Compte-tenu du rapport de
masse l'effet des collisions
est modelise uniquement par une force fv exercee par unite de volume par les
ions sur les electrons.
16 -- Exprimer dFe en fonction de d , n0 , e, E, B, j, V et fv .
17 -- Exprimer dF p en fonction des memes grandeurs. En deduire l'expression de
dF = dF p +dFe ,
force totale subie par l'element de volume d du plasma. Quel est le nom de
cette force ?
II.C. -- Modele collisionnel pour le plasma
Pour decrire la force exercee par les ions sur les electrons, on considere une
interaction de deux
particules de masses m p et me qui, a l'instant initial, se dirigent l'une vers
l'autre avec les vitesses
v p = v p ex et ve = -ve ex (v p > 0 et ve > 0) ; le systeme est considere
comme isole et on neglige
l'energie potentielle d'interaction dans l'etat initial, les deux particules
etant supposees tres eloignees
l'une de l'autre (cf. fig. 4). Au cours de l'interaction de ces particules, que
l'on n'etudiera pas en
detail, les vitesses restent toutes colineaires a l'axe (Ox). Au bout d'une
duree suffisante, l'interaction
est terminee ; les vitesses restent des lors constamment egales a vp = -w p ex
et ve = we ex , avec w p > 0
et we > 0 si les deux particules repartent, apres l'interaction, en sens
inverse de leur mouvement initial.
mp
vp
ve
me
x
F IG . 4 Interaction de deux particules formant un systeme isole
18 -- En appliquant deux lois de la mecanique au systeme des deux particules,
deduire deux
equations reliant w p , we , v p , ve , m p et me . En deduire la relation v p
+ ve = w p + we .
19 -- En utilisant les diverses expressions obtenues, montrer que me (ve - ve )
= - µ (ve - v p ), ou
µ = me m p /(me + m p ) est la masse reduite du systeme a deux corps forme par
les ions et les electrons.
Le facteur numerique que l'on determinera dans cette expression est lie au
modele geometrique
tres simple adopte ici : vitesses des particules colineaires pendant toute
l'interaction. Dans un modele
plus complet, on obtiendrai un autre facteur de l'ordre de /2.
20 -- On revient maintenant au modele des deux fluides d'electrons et d'ions ;
on rappelle que fv
designe la force exercee par unite de volume par les ions sur les electrons du
fait des collisions. On
note la duree moyenne d'une collision. Justifier, qualitativement, l'expression
fv = -
n0 me
(ve - v p )
21 -- Pour les mouvements a suffisamment basse frequence, on peut negliger
l'acceleration des
electrons dans le plasma. Deduire des questions 16 et 20 la forme generalisee
de la loi d'Ohm dans
un tel plasma,
1
j = E+VB-
jB
n0 e
ou on exprimera en fonction de n0 , e, et me .
Page 4/5
Physique II, annee 2011 -- filiere MP
II.D. -- Ondes magnetohydrodynamiques dans un plasma
Le couplage entre le mouvement des particules chargees dans un fluide et le
champ electromagnetique
regnant dans ce dernier peut, dans certaines conditions, aboutir a la
propagation d'ondes dites magnetohydrodynamiques. De telles ondes ont ete
etudiees pour la premiere fois par le physicien suedois
Hannes Alfven en 1942, elles sont fondamentales pour l'etude des plasmas
astrophysiques tels que
ceux qui entourent les etoiles. Pour cette decouverte et les decouvertes
consequentes, Alfven obtint le
prix Nobel en 1970.
Le plasma etudie ici sera considere comme tres bon conducteur (n0 donc ) de
sorte qu'on
peut y ecrire (cf. question 21) E = -V B. Dans ce contexte, l'equation
simplifiee de la dynamique
dans une unite de volume du plasma s'ecrit
m
V
= jB
t
avec m = n0 m p
On etudie un mode particulier d'oscillations du plasma dans lequel B = B0 ez +
b(z,t), ou B0 est un
champ statique intense et b(z,t) une onde de faible amplitude, kbk B0 , qu'on
decrira en notation
complexe comme une onde plane progressive et monochromatique, b = b0 exp [i ( t
- kz)] ou i2 = -1
et > 0
22 -- Montrer que b0 · ez = 0. Exprimer, en notation complexe, la densite
volumique de courant j
en fonction de b, k et de la permeabilite du vide µ0 .
23 -- En se limitant aux termes du premier ordre en b0 , montrer que la vitesse
d'ensemble V du
B0 k
plasma est aussi une onde plane, V = V0 exp [i ( t - kz)] ou V0 = -
b0 .
µ0 n0 m p
24 -- En ecrivant l'equation de Maxwell-Faraday montrer que les ondes etudiees
se propagent
sans dispersion a la celerite cA (vitesse d'Alfven) que l'on exprimera en
fonction de B0 , µ0 et de la
masse volumique m du plasma. Verifier l'homogeneite de la relation donnant cA .
25 -- Le plasma etudie est du mercure liquide (m = 1, 4 × 104 kg · m-3 ) dans
un champ
magnetique B0 = 0, 5 T. On rappelle que µ0 = 4 × 10-7 H · m-1 ; calculer cA ;
commenter.
FIN DE LA PARTIE II
Petit formulaire d'analyse vectorielle
(u v) w = (u · w)v - (v · w)u
rot(u v) = u div(v) - (u · grad)v - v div(u) + (v · grad)u
div(u v) = v · rot(u) - u · rot(v)
En coordonnees cylindriques dans la base locale (er , e , ez ), pour un champ
scalaire f et pour un
vecteur u = ur er + u e + uz ez on indique les relations suivantes :
f
f
u
uz
1f
1
grad( f ) =
e +
er +
ez
div(u) =
(rur ) +
+
r
r
z
r r
z
1
ur uz
ur
1 uz u
er +
e +
ez
-
(ru ) -
-
rot(u) =
r
z
z
r
r r
u · grad = ur
u
+ uz
+
r
r
z
FIN DE L'EPREUVE
Page 5/5