ECOLE POLYTECHNIQUE
ÉCOLE SUPÉRIEURE DE PHYSIQUE ET DE CHIMIE INDUSTRIELLES
CONCOURS D'ADMISSION 2007 FILIÈRE PC
COMPOSITION DE CHIMIE
(Durée : 4 heures)
L'utilisation des calculatrices n'est pas autorisée.
L'épreuve comporte deua: problèmes indépendants.
***
Premier problème
Synthèse de l'arborone
L'iso E Super® est un mélange odorant d'origine synthétique qui a été utilisé
dans la fabri--
cation de plusieurs parfums très connus, comme << Trésor >>, << Dolce Vita >>
ou encore << Féminité du Bois >>. Il apporte aux créations parfumées une sensation boisée inédite,
qui est en fait prin--
cipalement due a une molécule bicyclique appelée arborone --du latin arbor--
qui possède une
odeur très intense. C'est ce qu'ont prouvé des chercheurs de l'entreprise
Givaudan--Roure en ef--
fectuant la première synthèse de l'arborone. En 2006, E. J. Corey, prix Nobel
de chimie 1990, a
montré en synthétisant les deux antipodes de l'arborone (notée A),
qu'uniquement l'un deux (la
(+)--arborone), est capté par l'odorat humain a des seuils inférieurs à 1
pg-L_1.
. : "'/7%
O
(+)--arborone
Données en RMN du proton
CH3-C- CH3-C=C- CH3-C-CO- -CH2-CO- -C=C-CH-
0,a1,0 1,6--2,0 1,0-1,2 2,223 2,025
CHg--O-- --CHOH-- --CH=CH--CO-- --CH=CH-- (cycle) R-CHO
3,4-3,s 3,6--4,0 6,8--7,1 5,2--6,0 9,a10,2
Déplacements chimiques 5 en ppm
Données de spectrosc0pie infrarouge (LR)
R--CHO R-COgMG : ; Ç>: <:0>=
1725 1730 1717 1685 1770 1730
Nombres d'onde des bandes d 'absorption du carbonyle en cm_1 (R groupe
aliphatique saturé}
--OH (alcool)
3650--3600 (libre)
3500--3250 (lié)
Nombres d'onde des bandes d'absorption du OH en cm--1
I. Synthèse « GIVAUDAN »
1. Dans la première étape de l'approche Givaudan, un
sesquiterpène d'origine naturelle, l'a--ionone racémique re--
présentée ci--contre, est traitée par le diméthylcuprate de
lithium dans l'éther diéthylique (éthoxyéthane) anhydre.
L'hydrolyse du mélange réactionnel permet d'isoler majori--
tairement un composé B, inactif optiquement, dont les deux \
atomes de carbone asymétriques ont la même configuration
absolue. Un composé minoritaire B' , dont le spectre I.R. pré--
sente une bande au--delà de 3000 cm_1 a pu être isolé. o
La ) Pourquoi peut--cn qualifier l'a--ionone de race"m7lque ?
1.b) De quel type de réaction avec le diméthylcuprate de lithium s'agit--il?
Schématiser son
mécanisme en faisant apparaître la configuration des atomes de carbone
asymétriques.
1.0) Préciser pourquoi B n'a pas d'activité optique? À quelle sélectivité
a--t--on affaire au
cours de cette réaction ?
1.d) Expliquer la formation de B' .
Dans la suite du problème, on raisonnera sur l'énantiomère (R, R) de B.
2. B (RCOCH3) est soumis a chaud au dibrome en milieu basique aqueux, ce qui
génère la
formation de bromoforme CHBr3, d'ions bromure et d'un anion carboxylate qui,
après neutrali--
sation, conduit a C (RCOOH). Le chauffage au reflux de C dans un mélange
benzène -- méthanol
en présence d'acide paratoluènesulfonique donne D.
2.a) Écrire l'équation-bilan de formation de l'anion carboxylate.
2.b) Donner la structure de D. Comment rendre sa formation quantitative ?
3. À partir de D, une série de réactions permet d'obtenir le cétoester E, donné
ci--dessous.
L'action sur E du bromure d'éthynylmagnésium en quantité équimoléculaire dans
le THF an--
hydre a 00EUR, puis a température ambiante, fournit après hydrolyse, F, qui est
hydrogéné par un
équivalent de dihydrogêne, en G sur catalyseur a base de palladium empoisonné.
"ll/z,
// .
3.a) Indiquer les sites de E sur lesquels le magnésien est susceptible de
réagir. Quel est le
plus réactif?
3.19) Écrire l'équation--bilan résultant de l'action du magnésien sur E. En
déduire la structure
du produit normalement attendu F' .
3.0) Montrer que l'anion intermédiaire résultant de l'addition du magnésien sur
E peut
évoluer pour conduire a F représenté ci--dessus, par une réaction que l'on
détaillera.
3.d) L'addition du magnésien sur E a lieu avec une très bonne
diastéré0sélectivité, discuter
cette sélectivité en analysant les conformations chaises possibles du composé E.
3.6) Donner la formule développée de G, ainsi que la configuration absolue de
ses atomes de
carbone asymétriques.
4. G est ensuite opposé a du diisopropylamidure de lithium (LDA) dans le THF a
basse
température, puis un léger excès d'iodure de méthyle est ajouté, ce qui aboutit
a la formation
de H. Du LDA est alors ajouté (1,2 équivalent), en même temps qu'un large excès
de chlorure
de triméthylsilane, ClSi(CHg)g. Le produit résultant J de formule brute
C18HggOgSi est chauffé
au reflux du toluène 24 h, et K alors formé est traité par du méthyllithium en
milieu éther
diéthylique (éthoxyéthane) anhydre pour finalement aboutir a l'arborone A.
4.50 Écrire l'anion qui se forme par action du LDA sur G, en justifiant sa
stabilité, puis
la structure de H qui en découle après réaction avec Mel. Préciser la nature de
cette dernière
réaction.
4.19) Faire de même avec l'anion I issu de H. Proposer une formule
semi--développée pour J ,
qui soit en accord avec l'absence d'une bande forte en I.R. vers 1730 cm_1, par
ailleurs présente
dans le spectre de G. On rappelle que le silicium possède une affinité plus
grande pour l'oxygène
que pour le carbone comme en témoigne la très forte valeur de l'énergie de la
liaison Si--O
(452 kJ -mol_1) et la plus faible énergie de la liaison Si--C (289 kJ -mol_1).
4.0) Le chauffage de J aboutissant a l'isolement de K représenté ci--dessous7
imaginer un
mécanisme a 6 centres analogue a celui qui se produit dans l'équilibre suivant
proposé en exemple,
permettant d'expliquer le passage de J a K.
4.61) On obtient l'arborone A en transformant le groupement ester de K en
cétone. Indiquer
si elle est obtenue optiquement pure. Conclure quant a la sélectivité de la
synthèse.
II. Synthèse de Corey
1. EJ. Corey et ses collaborateurs mettent en oeuvre dans
cette synthèse un type nouveau de catalyse avec un composé
activé7 noté catalyseur 1, représenté ci--contre. À une solution
du catalyseur 1 dans le dichlorométhane7 sont ajoutés successi--
vement du buta--1,3--diène et du (E)--2--méthylbut--2--énal. Après
24 h de réaction a température ambiante, l'aldéhyde L est
obtenu avec un rendement de 84%.
La) Quelle est la nature de la réaction qui a lieu entre le
diène et l'énal ? Indiquer sur un schéma clair, le mouvement des
doublets mis en jeu au cours de cette réaction. TfOe
1.19) En l'absence du catalyseur 1, combien de stéréoisomères
se formeraient--ils ? Les dessiner en précisant la configuration ab--
solue de leurs atomes de carbone asymétriques. Observe--t--on une
activité optique pour le produit obtenu dans ce cas ?
Catalyseur 1
1.0) Le composé L dont les deux atomes de carbone asymétriques ont la
configuration absolue
R se forme majoritairement en présence du catalyseur 1. Préciser la
configuration absolue des
atomes asymétriques du catalyseur 1. Quel type de sélectivité permet de
réaliser le catalyseur
1 ?
2. L'oxydation de L par l'anhydride chromique CÏ03 en présence d'acide
sulfurique (réactif
de Jones) dans la propanone entraîne la formation de M. Ce dernier est ensuite
agité dans le THF
avec une solution aqueuse d'hydrogénocarbonate de sodium, de diiode et d'iodure
de potassium.
Il se forme alors une iodolactone cyclique N dont la structure est donnée
ci--après. Cette lactone
chauffée pendant 12 h dans le THF avec un excès de DBU fournit le composé O.
DBU
2.a) Donner la formule développée de M. Sous quelle forme M se trouve--t--il en
présence
d'hydrogénocarbonate ?
2.19) La réaction d'obtention de la lactone N débute par la génération d'un
cation analogue
a celui observé dans l'addition du dibrome sur un alcène. Proposer une
structure pour le ca--
tion dérivant de l'action du diiode sur M. Conclure quant a la suite du
mécanisme expliquant
l'obtention de N.
2.0) Pourquoi ajoute--t--on des ions iodure au mélange réactionnel?
2.61) Le DBU joue le rôle d'une base encom--
brée dans l'étape suivante. Préciser le site par
lequel elle réagit. Montrer, en analysant les diffé--
rents mécanismes possibles, qu'il ne peut se for--
mer que le seul produit 0.
-Hl||llO
3. O est agité dans le méthanol en présence de 1,5 équivalents de méthan0late
de sodium
a température ambiante pour donner P après extraction. L'action du
chlorochromate de pyridi--
nium (PCC) sur P dans le dichlorométhane anhydre engendre le composé Q de
formule brute
C10H1403. Le produit P présente les caractéristiques spectroscopiques suivantes
:
Nombres d'onde des bandes d'absorption en Infrarouge : 3377 et 1727 cm--1
Déplacements chimiques en RMN du proton (ppm) :
0,84 (doublet, 3H, J=7,2 Hz); 1,05 (singulet, 3H);
1,84 (doublet de doublet, 1H, J=7,0 et 13,2 Hz);
1,95 (doublet de doublet, 1H, J=5,6 et 12,8 Hz);
2,64--2,70 (multiplet, 1H); 3,00 (Singulet, 1H);
3,62 (singulet, 3H); 4710--4715 (multiplet, 1H)3
5,46--5,49 (multiplet, 1H); 5,58--5,62 (multiplet, 1H);
3.a) Proposer une formule développée pour P qui soit en accord avec ces
données, en indi--
quant par quel mécanisme il est obtenu. Quel est l'élément moteur de cette
réaction ?
3.19) Le chlorochromate de pyridinium (PCC) est préparé cristallisé par
refroidissement a
00EUR d'un mélange d'anhydride chromique, de HCl de concentration 6 mol-L_1 et
de pyridine
(C5H5N). Donner la structure du PCC. On obtient ainsi un réactif oxydant plus
doux que le
réactif de Jones. En déduire la nature et la structure du composé Q.
4. L'action du cyanocuprate lithié R--Cu(CN)Li avec R : --C(CH3)2(CH2)2CHîCH2,
qui se
comporte comme un organocuprate lithié, sur Q dans le THF a basse température
entraîne la
formation de R, dont la configuration de l'atome de carbone asymétrique alors
formé est S.
Ce dernier est ensuite ozonolysé en présence de diméthylsulfure (milieu
réducteur) pour donner
l'aldéhyde S.
4.0.) Proposer des formules développées pour R et S, en indiquant de manière
appropriée la
position des substituants par rapport au cycle.
4.19) Donner l'équation bilan traduisant l'ozonolyse de R.
5. Au cours de l'étape clé, l'aldéhyde S,
en présence d'une quantité catalytique d'acide
para--toluène sulfonique, est chauffé 14 h au re--
flux du benzéne a l'aide d'un réfrigérant équipé
d'un Dean--Stark, cet appareil permet d'éliminer
l'eau au fur et a mesure de sa formation. Le pro--
duit T résultant présente la structure ci--contre :
5.0.) Indiquer les sites de protonation possibles de S en milieu acide. Quels
sont les équilibres
de tautomérie qui peuvent se produire dans ces conditions? Comment
appelle--t--on la réaction
de formation de T ? Proposer un mécanisme.
5.19) S possède également une autre fonction susceptible de réagir, pourquoi
n'est--elle pas
affectée?
6. Dans les étapes suivantes que l'on n'étudiera pas, T est transformé en V.
La fonction ester méthylique de V est ensuite transformée en fonction aldéhyde.
La molécule
W ainsi obtenue, est agitée dans le THF anhydre a 00EUR avec un excès de
bromure de méthylma--
gnésium. Après neutralisation, extraction et évaporation, le produit résultant
X est finalement
traité par le PCC dans le dichlorométhane, ce qui permet d'obtenir A, qui
possède une très
intense odeur, avec un bon rendement.
6.0.) Proposer une série de transforma--
tions pour préparer l'aldéhyde W a partir
de V, en précisant les réactifs utilisés.
6.19) Schématiser les deux dernières réactions, puis représenter la molécule A
en précisant
bien sa stéréochimie. Est--elle obtenue optiquement pure? Comment qualifier la
sélectivité de
cette synthèse ?
6.0) E.J . Corey et ses collaborateurs ont effectivement préparé l'antipode de
A, pour constater
qu'il n'avait qu'une odeur très faible. Proposer une explication. Conclure
quant a la forte odeur
observée pour la molécule A préparée par le groupe Givaudan.
F ... du premier problème
Deuxième problème
Autour du Titane
Le titane est un métal utilisé dans de nombreux domaines en raison de sa faible
densité, de
ses bonnes propriétés mécaniques et de sa résistance a la corrosion humide et
sèche. Sa résistance
a la corrosion justifie les usages industriels du titane : alliages pour
l'industrie aéronautique,
réacteurs et échangeurs de chaleur dans l'industrie chimique. Son usage est
privilégié en milieu
marin et dans de nombreux produits de la vie quotidienne (branches de lunettes,
prothèse, . . . ).
I. Étude de la corrosion humide du Titane
On s'intéresse a l'interprétation de sa résistance a la corrosion en milieu
humide. Nous al--
lons examiner a cette fin le diagramme potentiel--pH du titane et les courbes
intensité--potentiel
obtenues sur une électrode de titane trempant dans un milieu corrosif.
1. Le diagramme potentiel--pH du titane
Il est présenté sur la figure 1, pour le tracé de ce diagramme, seules les
espèces suivantes ont
été prises en compte : Tl02(8), Tl203(8), Ti2+(aq), TiO(s) et Ti(s). La
concentration totale en
espèces dissoutes est prise égale a 10_6 mol - L_1.
EenV/\
1,23 "*
-1,81 \E
l>
V
pH
0 8,0
F figure 1 . DZagmmme3 potentiel--pH du titane et de l'eau
1.a ) Attribuer a chaque espèce le domaine qui lui convient en précisant s'il
s'agit d'un domaine
de prédominance ou d'existence.
1.19) Connaissant les coordonnées du point T (pHT : 4,0; ET : --0,8 V),
déterminer les
potentiels standard E? et E8 des couples Q/fi et Q/E.
On prendra RT/F Ln(10) : 0,06 V.
1.0) Quelle réaction peut se produire a priori lorsqu'une électrode de titane
est plongée dans
une solution aqueuse acide (pH=0) aérée ? Même question dans une solution
désaérée ?
La concentration en dioxygëne dissous dans une solution aqueuse en équilibre
avec l'atmo--
sphère est de l'ordre de 10_4 mol - L_1.
2. Interprétation de la corrosion humide du titane à l'aide de la courbe
intensité--
potentiel d'une électrode en titane
Il s'agit de comprendre la corrosion humide du titane par analogie a celles du
fer et du zinc
en s'aidant des courbes intensité--potentiel et du diagramme potentiel--pH
précédemment étudié.
Aucune connaissance théorique sur les courbes intensité--potentiel n'est
exigée. On demande sim--
plement d'expliquer les phénomènes chimiques intervenant dans le processus de
corrosion. On
rappelle que l'intensité par unité de surface d'électrode (la densité de
courant) est proportionnelle
a la vitesse des réactions électrochimiques mises en jeu et que, par
convention, elle est positive
pour les réactions d'oxydation se produisant a l'anode et négative pour les
réactions de réduction
se produisant a la cathode.
La courbe intensité--potentiel (Figure 2) représente l'intensité par unité de
surface de titane
(densité de courant) J en fonction du potentiel E imposé a l'électrode et
mesuré par rapport a
l'électrode standard a hydrogène. L'électrode en titane plonge dans une
solution désaérée (sans
dioxygëne dissous) d'acide sulfurique de pH w 0.
A J
(11) (III)
(IV)
0 2 V E(V)
F figure 2. Courbe intensité--potentiel d'une électrode en titane
2.a) Quelle est la réaction correspondant a la courbe (I) ?
2.19) La vague anodique comporte une partie croissante (II). Relier sa
formation a une zone
du diagramme potentiel--pH précédent que l'on précisera.
2.c) Comment peut--on expliquer simplement la partie décroissante (III) puis la
zone (IV) ?
2.d) Pourquoi n'observe--t--on pas, a potentiel plus élevé, l'oxydation de
l'eau?
2.6) Une électrode de titane trempant dans une solution d'acide sulfurique
(pH=O) prend
un potentiel d'équilibre (potentiel de corrosion) égal a --0,44 V en milieu
désaéré et égal a
+0, 26 V en milieu aéré. Le potentiel de corrosion est défini comme le
potentiel auquel le courant
d'oxydation du métal est égal a l'opposé du courant de réduction de l'oxydant
présent dans le
milieu corrosif.
1. Écrire l'équation de l'équilibre qui s'établit entre l'électrode de titane
et la solution respec--
tivement en milieu désaéré et en milieu aéré.
2. À quoi correspondent les courbes en pointillé sur la figure 2 ?
2. f ) Donner qualitativement l'allure de la courbe cathodique que l'on
obtiendrait en solution
aérée en milieu HgSO4 (pH : O).
2. g ) L'ion T i4+ forme des complexes stables T i(F)Ë'_H'+ avec l'ion fluorure
dont les pKn des
constantes de dissociation successifs sont (pk1 : 6, 6; pkg : 5,1 ; pkg : 4, 6
et pk4 : 4, 1).
1. Quelle est la forme prédominante en milieu fluorure O, 1 mol - L_1 ?
2. Le comportement anodique du titane en présence d'ions fluorure en milieu
désaéré est
donné sur la figure 3. L'expérience montre que la hauteur du palier de courant
dans la zone
de potentiel supérieur a 0 V est proportionnelle a la concentration en ion
fluorure. À quel
phénomène peut--on l'attribuer ?
M J ,, J
--0,77V 0 EN) -0,36 V 0 E(V)
Figure 3 Figure 4
3. Comparer au comportement anodique du titane en présence d'ions chlorure en
milieu
désaéré (Figure 4).
4. Conclure sur l'intérêt du titane dans ses principales applications.
II. Étude d'un alliage à mémoire de forme : le Nitinol
Un alliage a mémoire de forme ou AMF présente la propriété singulière de
pouvoir mémoriser
une forme déterminée au préalable. Un AMF existe a basse température sous une
structure
martensite se transformant sous l'effet d'un réchauffement en une structure
austénite et vice--
versa. On observe ainsi une transformation martensitique se produisant sans
diffusion d'atomes,
comme le montre le schéma suivant (Figure 5).
Austénite
(Haute température)
Refroidissement Chauffage
. .. .. . Martensite
. .. .. . (Basse température)
. . .
. . .
F 7Lgure 5. Transformation structurale austénite S martensite
Le nitinol est un AMF de nickel et de titane de composition stoechiométrique
NiT i. La phase
austénite possède une structure cubique de type CsCl. La phase martinsite quant
a elle adopte
une structure cristalline, localement très proche de la phase austénite, ce qui
assure la réversibilité
de la transformation. Le problème s'intéresse aux propriétés thermodynamiques
de l'alliage et
non a sa structure cristallographique.
Dans tout l'énoncé, les grandeurs relatives a la martensite et a l'austénite
seront respective--
ment indicées M et A : par exemple, HM désigne l'enthalpie molaire de la
martensite.
Le nitinol, mis en une forme F A a température élevée est ensuite refroidi. La
transformation
martensitique a alors lieu et on peut donner au solide obtenu une nouvelle
forme FM. On peut
naturellement obtenir ensuite F A a partir de FM en appliquant une contrainte a
température
constante ou en augmentant la température a contrainte nulle (ou constante).
1. Mélange idéal sous contrainte nulle
1.a ) Exprimer l'enthalpie libre molaire de l'austénite et de la martensite en
fonction de la
température.
10
1.19) Représenter les deux fonctions G : f(T) pour l'austénite et la
martensite, sachant
que l'austénite est la phase la plus désordonnée. À quelle condition s'agit--il
de droites? Cette
condition sera supposée vérifiée par la suite.
1.0) Comment peut--on déterminer la température d'équilibre TO des deux phases.
Préciser
les phases stables selon le domaine de température.
Le!) Quel est le signe de l'enthalpie de la transformation AA_,MH ?
1.6) Représenter l'entr0pie du système contenant initialement une mole
d'austénite en fonc--
tion de la température. À la température T0, quelle est l'entropie du système
en fonction de la
fraction molaire x A ?
2. Transformation isotherme sous contrainte
Pour tenir compte de la contrainte appliquée a l'échantillon, on ajoute a
l'enthalpie libre
molaire de chaque phase, un terme --VO - o - e dans lequel VO représente le
volume molaire initial
de la phase, 0 une contrainte provoquant la déformation totale élastique et
cristallographique e,
en traction ou en compression. Une contrainte s'exprime habituellement comme
une force divisée
par une surface et une déformation comme le rapport de la variation de la
dimension de l'objet
sur sa dimension initiale. V0 est supposé identique pour les deux phases.
La nouvelle expression de l'enthalpie libre molaire s'écrit alors : G* = G --
VO - o - EUR, dont
l'expression différentielle est : dG* = --SdT + Vdp -- Voedo.
2.0.) Quelle est l'unité du produit a - EUR?
2.19) Déduire de dG* l'expression du travail mécanique élémentaire fourni au
cristal par
l'application de la contrainte a.
2.0) En tenant compte de la faible influence de la pression sur les phases
condensées, simplifier
l'expression différentielle de G*.
2.d) Donner l'expression des fonctions G* : f(T, a) en utilisant pour les deux
phases deux
constantes d'intégration G% et Gï/I.
2.e) Dans un triédre direct (0,T,G*), quelle est l'allure des surfaces
correspondant aux
fonctions précédentes ?
2. f ) Comment se traduit alors l'équilibre entre les deux phases A et M ?
2. g ) À l'équilibre thermodynamique, quelle est la pente de la courbe
représentant la contrainte
o en fonction de la température de transition Tt ?
À quelle relation classique vous fait--elle penser ?
2.h) Tracer, en précisant les hypothèses utilisées et le résultat de la
question 1.61) la courbe
représentant la contrainte o en fonction de la température de transition.
11
3. La transformation martensitique réelle
Par suite de l'interpénétration des deux phases et de leurs transformations
mutuelles, la
transformation martensitique présente une hystérésis en température croissante
et décroissante7
comme le montre la figure 6, représentant l'évolution de la fraction volumique
de la martensite
en fonction de la température. La fraction volumique d'une phase s'obtient a
partir de la fraction
massique de la phase et de sa masse volumique.
Fraction volumique de martensite
A
Mf AS
Austénite
Martensite
\
'
MS Af Température
F igure 6. Fractiou volumique de la martensite en fonction de la température
3.a) Compte tenu du sens de parcours du cycle d'hystérésis, a quels phénomènes
corres--
pondent les températures notées Mf, Ag, Af et Ms ? Quelles sont les phases en
présence a l'inté--
rieur du fuseau ?
3.19) En déduire l'allure des courbes : contrainte o en fonction de la
température pour les
deux phases. Préciser les phases en présence dans chaque domaine envisagé.
3.0) On considère un nitinol pour lequel la largeur de l'hystérésis est voisine
de 10°C) avec
Af : 38°C et Ms -- Mf : 5°C. On souhaite utiliser cet alliage sous la forme
d'un petit ressort
afin de dilater une artère partiellement bouchée de diamètre voisin de 3 mm,
c'est le rôle d'un
<< stent >> utilisé en chirurgie cardiaque.
Proposer un mode opératoire raisonnable en précisant les températures a
utiliser pour réaliser
l'opération de dilatation.
Fin du deuæième problème
12