ÉCOLE POLYTECHNIQUE
ÉCOLE SUPÉRIEURE DE PHYSIQUE ET DE CHIMIE INDUSTRIELLES
CONCOURS D'ADMISSION 2010
FILIÈRE
PC
COMPOSITION DE CHIMIE
(Durée : 4 heures)
L'utilisation des calculatrices n'est pas autorisée.
L'épreuve comporte deux problèmes indépendants.
Premier problème
Les molécules fluorescentes pour l'étude des phénomènes biologiques
Les molécules fluorescentes sont des composés conjugués qui possèdent la
propriété d'absorber de l'énergie lumineuse et de réémettre rapidement de la
lumière à une longueur d'onde
plus grande. Elles sont désormais rencontrées dans de nombreux produits de la
vie courante :
surligneurs, azurants optiques dans le papier et les textiles, colorants
fluorescents, traceurs en
hydrologie. De plus, elles constituent des outils d'étude précieux pour les
biologistes et les médecins. Ainsi, le Prix Nobel de Chimie 2008 a récompensé
la découverte et le développement
de la protéine fluorescente verte (GFP). Il est maintenant possible de
synthétiser par ingénierie
génétique des protéines chimères dérivées de la GFP qui peuvent être facilement
étudiées à l'intérieur de cellules vivantes à l'aide d'un microscope à
fluorescence. Ce sujet ne requiert aucune
connaissance préalable sur les phénomènes de fluorescence.
Données de spectroscopie RMN du proton (RMN 1 H), déplacement chimique en ppm :
R-CO2 H et PhOH : 12,0-8,0 ; R-CHO : 11,0-9,0 ; CH aromatique : 8,0-6,0 ; R2
C=CHR : 7,0-5,0 ;
CH3 -C=O : 2,5-2,0 ; CH3 -C=C- : 2,0-1,5 ; CH3 -C : 1,0-0,5.
Constantes de couplage entre protons aromatiques
Jab
Jbc
Jac
Ha
Hc
Hb
6 à 9 Hz
1 à 3 Hz
0 à 1 Hz
Énergies des orbitales moléculaires d'oléfines insaturées déterminées par la
méthode de Hückel simple (on rappelle que et sont négatifs) :
éthène : E1 = + ; E2 = -
buta-1,3-diène : E1 = + 1, 618 ; E2 = + 0, 618 ; E3 = - 0, 618 ; E4 = - 1,
618
(E)-hexa-1,3,5-triène : E1 = + 1, 802 ; E2 = + 1, 247 ; E3 = + 0, 445 ; E4 =
- 0, 445 ;
E5 = - 1, 247 ; E6 = - 1, 802
1
pKa en solution aqueuse à 298 K (la valeur supérieure à 14 a été extrapolée) :
pKa (C6 H5 OH/C6 H5 O- ) = 9, 9
pKa (C6 H11 OH/C6 H11 O- ) = 18
pKa (HN(C2 H5 )+
3 / N(C2 H5 )3 ) = 10, 8
pKa (CH2 (COOC2 H5 )2 /[CH(COOC2 H5 )2 ]- ) = 12, 9
Lorsque la question le permet, le candidat pourra utiliser une représentation
simplifiée des
molécules lors de l'écriture des mécanismes.
1. Synthèses de molécules fluorescentes
1.1. Un dérivé de la fluorescéine
1.1.1. Expliquer pourquoi le phénol (C6 H5 OH) est plus acide que le
cyclohexanol (C6 H11 OH).
1.1.2. La formylation du 1,3-dihydroxybenzène (ou résorcinol) est réalisée avec
un très bon
rendement en utilisant la méthode de Reimer-Tiemann. La réaction entre la soude
aqueuse et le
chloroforme génère in situ un électrophile puissant, le dichlorocarbène CCl2 ,
qui réagit ensuite
avec le 1,3-dihydroxybenzène.
a. Préciser l'origine du caractère électrophile du dichlorocarbène.
b. De quel type de réaction avec le résorcinol s'agit-il ?
c. Proposer un mécanisme expliquant le passage de 1 à 2.
1.1.3. Le spectre RMN 1 H (CDCl3 , 250 MHz) du composé 2 présente les signaux
dont les
déplacements chimiques (en ppm) sont les suivants : 6,41 (1H, doublet, J = 2, 1
Hz) ; 6,49 (1H,
doublet de doublet, J = 8, 5 et 2,1 Hz) ; 7,35 (1H, doublet, J = 8, 5 Hz) ;
9,57 (1H, singulet large) ;
9,66 (1H, singulet) ; 11,42 (1H, singulet large). Attribuer les différents
signaux RMN observés.
Peut-on expliquer le déblindage important du pic à 11,42 ppm ?
1.1.4. La séquence réactionnelle suivante est alors réalisée avec un bon
rendement global :
O
2
O
HO
HO
OH
H3
3
N(C2H5)3
éthanol, reflux
OH
O+
OC2H5
C2H5O
C2H5O
4
5
chauffage
OH
OC2H5
O
O
O
a. Proposer un mécanisme pour la première étape (2 3), en prenant soin de
montrer le
rôle catalytique de la triéthylamine.
b. Quelle est la force motrice de la formation de la double liaison lors du
passage (2 3) ?
Le composé 3 est traité en milieu acide à chaud pour donner un premier composé
4 qui se
transforme, dans ces conditions, en produit 5 attendu.
c. Proposer une structure pour le composé monocyclique 4, ainsi qu'un mécanisme
pour
expliquer sa formation.
2
d. Sous certaines conditions, le composé 4 n'est pas obtenu majoritairement et
un produit 4'
est susceptible de se former. Proposer une structure pour le composé 4'.
e. Préciser le type de réaction se produisant lors de la transformation du
composé 4 en produit
5. Proposer un mécanisme pour cette réaction.
1.1.5. La réduction du composé 5 est réalisée sous 1 bar de dihydrogène en
présence d'une
quantité catalytique de palladium sur charbon pour conduire au dérivé 6. Le
spectre RMN 1 H
((CD3 )2 SO, 300 MHz) présente les signaux dont les déplacements chimiques (en
ppm) sont les
suivants : 2,37 (2H, triplet, J = 7, 8 Hz) ; 2,60 (2H, triplet, J = 7, 8 Hz) ;
6,09 (1H, doublet de
doublet, J = 8, 4 et 2,4 Hz) ; 6,24 (1H, doublet, J = 2, 4 Hz) ; 6,78 (1H,
doublet, J = 8, 4 Hz) ;
8,96 (1H, singulet large) ; 9,14 (1H, singulet large) ; 11,98 (1H, singulet
large).
a. Expliciter la structure du composé 6.
b. Attribuer les différents signaux RMN observés en justifiant leur
multiplicité.
Par la suite, la chaîne greffée sur l'aromatique sera notée R1 .
1.1.6. Les dérivés de fluorescéine sont préparés en condensant l'anhydride
phtalique avec
deux équivalents du dérivé 6 en présence d'un acide fort (CH3 SO3 H) :
a. Montrer que l'anhydride phtalique traité par un acide fort (CH3 SO3 H)
conduit à une
espèce carbocationique que l'on précisera.
b. Cette espèce réagit avec une molécule de 6 pour former le dérivé 7. Proposer
une structure
pour le composé bicyclique 7 sachant qu'il présente une fonction cétone.
c. Justifier la régiosélectivité de la réaction de formation du produit 7.
d. Proposer un mécanisme pour expliquer l'obtention du composé 8.
e. Proposer un mécanisme expliquant la formation du composé 9.
f. Sachant que la formation du cycle médian s'accompagne de la perte d'une
molécule d'eau,
proposer un mécanisme pour expliquer l'obtention du produit 10.
1.2. Cyanines
Le propanedial est additionné à deux équivalents du sel 11 dans la pyridine,
qui joue à la fois
le rôle de base et de solvant. Le dérivé cyanine 12 est isolé avec 80% de
rendement.
O
O
H
N
Br Et
11
H
N
Br Et
N , 80°C
80%
2
N
Et
12
a. Le composé 11 est acide et peut réagir avec la pyridine. Localiser, en le
justifiant, les
hydrogènes acides dans cette molécule.
3
b. Proposer un mécanisme expliquant l'obtention du produit 12.
c. Montrer que les deux atomes d'azote du composé 12 jouent des rôles
symétriques.
2. Étude des propriétés optiques des cyanines (notées Cy(2n+1))
Les propriétés optiques d'une molécule fluorescente sont caractérisées par la
longueur d'onde
du pic principal d'absorption (abs ), la longueur d'onde de l'émission de
fluorescence (ém ) et
la brillance (b, unité SI) (plus sa valeur est grande, plus l'intensité de
fluorescence est importante).
Pour la fluorescéine :
abs = 490 nm ; ém = 514 nm ; b = 9 · 104
Pour Cy3 : abs = 554 nm ; ém = 568 nm ; b=2·104
Pour Cy5 : abs = 652 nm ; ém = 672 nm ; b=4·104
Pour Cy7 : abs = 755 nm ; ém = 788 nm ; b=4·103
-
SO3-
O3S
N
Br
n
N
Cy3 (n=1)
Cy5 (n=2)
Cy7 (n=3)
2.1. Propriétés d'absorption
2.1.1. Dans le cas des polyènes conjugués, l'absorption d'un photon d'énergie h
entraîne
le passage d'un électron de la plus haute orbitale occupée (HO) vers la plus
basse orbitale
vacante (BV). Représenter les diagrammes d'orbitales moléculaires du système
puis calculer
E, différence d'énergie entre les orbitales HO et BV, pour l'éthène, le
buta-1,3-diène et le
(E)-hexa-1,3,5-triène. En déduire l'effet de la conjugaison sur l'évolution de
abs .
2.1.2. Ces résultats sont-ils cohérents avec les données fournies pour les
molécules
Cy(2n + 1) ?
2.2. Caractéristiques requises pour une application en biologie
L'imagerie par fluorescence du vivant suppose de prendre en compte un certain
nombre de
contraintes. Les tissus, le sang absorbent une large gamme de longueurs d'ondes
( < 600 nm et > 1200 nm). De même, une irradiation des tissus avec un rayonnement rouge
crée moins de
photo-dommages qu'avec un rayonnement UV ou bleu. Enfin, certains acides aminés
aromatiques
naturels sont fluorescents (abs = 280 nm et ém = 348 nm pour le tryptophane).
2.2.1. Quelle est la fenêtre spectrale (le domaine de longueurs d'ondes auquel
doivent appartenir abs et ém ) la plus adaptée à l'imagerie par fluorescence en
milieu biologique ? Justifier.
En quoi la brillance de la molécule fluorescente est-elle une donnée importante
pour la qualité
de l'imagerie ?
2.2.2. Parmi les molécules proposées, lesquelles sont les plus adaptées pour
une application
en imagerie biomédicale ? Argumenter votre réponse.
3. Application : les protéines fluorescentes
3.1. Greffage d'une molécule fluorescente sur une protéine
Il est possible d'incorporer dans une protéine un acide aminé non-naturel,
comme la
p-azidophénylalanine 13 (p-Az-Phe), grâce à des manipulations génétiques. La
ligation de
Staudinger permet ensuite de fonctionnaliser ou marquer sélectivement la
protéine au niveau
du substituant azoture dans des conditions très douces.
4
3.1.1. Quelle est la configuration absolue du carbone asymétrique du composé 13
? Justifier.
3.1.2. Dans le formalisme de Lewis, écrire la molécule d'azoture de méthyle
(CH3 N3 ), sachant
qu'elle est linéaire.
3.1.3. Quel(s) est (sont) le(s) site(s) électrophile(s) de l'azoture de méthyle
?
3.1.4. Les azotures d'alkyles R-N3 (R substituant alkyle) réagissent
efficacement avec la triphénylphosphine P(C6 H5 )3 pour former un
iminophosphorane R-N=P(C6 H5 )3 avec dégagement
de diazote.
a. Écrire l'équation-bilan de cette réaction.
b. Quel facteur explique le caractère quantitatif de cette réaction ?
c. Expliciter la structure de l'intermédiaire iminophosphorane 15 formé lors de
la ligation de
Staudinger entre la protéine et le ligand 14.
3.1.5. Les iminophosphoranes réagissent facilement avec les doubles liaisons
carbone-oxygène.
a. Par analogie avec la réaction de Wittig, donner l'équation-bilan de la
réaction entre l'iminophosphorane R-N=P(C6 H5 )3 et la propanone.
b. Sachant que le même type de réaction peut avoir lieu entre un
iminophosphorane et la
liaison C=O d'une fonction ester, donner la structure du composé 16 formé
intermédiairement.
c. Le composé 16 est instable en milieu aqueux et, en présence d'un catalyseur
acide, conduit
à la protéine fluorescente 17. Quelle est la nature de cette réaction ?
3.2. La GFP : une protéine intrinsèquement fluorescente
La protéine GFP, découverte en 1962, est constituée de 238 acides aminés. La
formation
du motif responsable de la fluorescence (le chromophore) est due à une
cyclisation suivie d'une
déshydrogénation mettant en jeu trois acides aminés (sérine-tyrosine-glycine)
de l'hélice centrale.
O
Tyr66
HO
HN
N
H
O
Gly67
N
H
O
O
Ser65
cyclisation
- H2O
N
HO
18
OH
N
H
N
déshydrogénation
19
O
OH
3.2.1. Proposer un mécanisme acido-catalysé pour l'étape de cyclisation.
3.2.2. Expliciter la structure simplifiée du dérivé fluorescent 19.
3.2.3. Pour quelle raison structurale classe-t-on la protéine GFP dans la
famille des molécules
fluorescentes ?
5
Deuxième problème
Synthèse, caractérisation et étude de la réactivité d'un complexe de cobalt
Ce problème traite de la synthèse et de la caractérisation d'un complexe de
cobalt ainsi que
de l'étude de la réactivité de ce complexe dans une solution d'ions chlorure.
Ce sujet comporte
quatre parties indépendantes.
Données :
Masse molaire
[Co(en)2 Cl2 ]Cl
H2 O
HCl
285
18
36,5
M (g·mol-1 )
Enthalpies standard de réaction (à 298 K) (grandeurs supposées indépendantes
de la température) :
Réaction
r H (kJ·mol-1 )
HCl(s) = HCl(g)
18,2
H2 O(s) = H2 O(g)
51,0
Numéro atomique du cobalt Z=27
Potentiels standard à T=298 K :
Co3+ /Co2+
H2 O2 /H2 O
O2 /H2 O
1,82
1,78
1,23
E (V)
RT
ln A = 0, 059 log A
F
P = 1 bar 750 mmHg.
À 298 K,
Å
ã
1. Synthèse du complexe
Le complexe est synthétisé en solubilisant 10 g de CoCl2 ·6H2 O dans 10 mL
d'eau distillée.
À cette solution, sont ajoutés 2,2 équivalents d'éthylènediamine (noté en) de
formule développée plane H2 N-CH2 -CH2 -NH2 . La solution est refroidie à 0 C,
puis du peroxyde d'hydrogène
(H2 O2 ) en excès est ajouté goutte à goutte. Le mélange réactionnel est
chauffé à 70 C pendant
20 minutes. Après acidification du milieu réactionnel et ajout d'éthanol, un
complexe vert,
noté T, de formule brute [Co(en)2 Cl2 ]+ cristallise sous la forme d'un solide
de formule
[Co(en)2 Cl2 ]Cl.
Le spectre RMN 1 H du complexe T obtenu dans le diméthylsulfoxyde deutéré ((CD3
)2 SO,
DMSO-d6) comporte les signaux rassemblés dans le tableau 1.
Déplacement chimique ( en ppm)
5,29
2,84
Multiplicité
singulet large
multiplet
Intégration
8
8
Tableau 1. Spectre RMN 1 H du complexe [Co(en)2 Cl2 ]+ dans le DMSO-d6
6
1.1. Écrire l'équation de la réaction d'oxydo-réduction de l'ion Co2+ par le
peroxyde d'hydrogène.
1.2. Exprimer la constante d'équilibre associée à cette réaction. Donner sa
valeur à 298 K.
Commenter cette valeur.
1.3. L'ion cobalt résultant est-il stable dans l'eau ? S'il ne l'est pas,
donner l'équation de la
réaction qui peut se produire.
1.4. Préciser le rôle de l'éthylènediamine dans cette expérience.
1.5. En analysant le spectre RMN 1 H (Tableau 1), proposer une formule
semi-développée
plane du complexe T obtenu.
1.6. Combien d'isomères de T peuvent se former ? Représenter ces isomères dans
l'espace, et
préciser leurs relations de stéréoisomérie.
2. Caractérisation du complexe par UV
En spectroscopie UV-visible, l'absorption est principalement due à des
transitions électroniques entre l'orbitale moléculaire la plus haute occupée
(HO) et les orbitales moléculaires vacantes les plus proches en énergie. Le
spectre d'absorption UV-visible du complexe T présente,
dans le méthanol, une unique bande d'absorption à 610 nm.
Ce complexe peut être modélisé par un complexe octaédrique
L
L
régulier de formule CoL3+
6 dans lequel chaque ligand participe
à l'établissement d'une liaison covalente avec l'ion métallique
L
Co
L
central grâce à 2 électrons occupant initialement une orbitale
L
L
de symétrie sphérique du ligand L.
Les six orbitales des ligands ont été préalablement combinées entre elles pour
former six
nouvelles orbitales appelées « orbitales de fragments » réparties sur
l'ensemble des ligands et
présentant une symétrie adaptée aux interactions envisagées dans le complexe
(aucune interprétation de ce traitement préalable n'est demandée au candidat).
Les six orbitales de fragment de
l'édifice L6 sont considérées comme dégénérées ; elles sont représentées
ci-après (Figure 1) :
z
y
x
1
2
3
4
Figure 1. Orbitales du fragment L6
7
5
6
L'allure des surfaces d'isodensité électronique associées aux orbitales
atomiques 3d est la
suivante (Figure 2) :
3dz2
3dx2-y2
3dyz
y
z
x
y
3dxy
3dxz
z
z
y
y
x
x
x
Figure 2. Orbitales atomiques 3d
2.1. Décrire la configuration électronique fondamentale de l'ion Co3+ .
2.2. Énoncer les trois conditions (recouvrement, écart énergétique et nombre
d'électrons impliqués) qui assurent qu'un édifice covalent résultant de
l'interaction de deux orbitales (atomiques
ou moléculaires) A et B appartenant à deux entités différentes (atomes,
molécules ou ions) A
et B est stable.
2.3. On se propose d'analyser deux cas simples d'interaction (Figure 3) entre
une orbitale
atomique de type d (3dxy ou 3dx2 -y2 ) et une orbitale atomique de type s,
notée ns, que l'on
supposera d'énergie inférieure à l'énergie de l'orbitale atomique de type d
considérée.
ns
3dxy
3dx2 -y2
cas 1
ns
cas 2
Figure 3 : Interaction entre une orbitale 3d et une orbitale ns
a. Une orbitale atomique 3dxy et une orbitale atomique de symétrie s
peuvent-elles interagir ?
Si oui, proposer un diagramme décrivant les énergies des orbitales moléculaires
résultant de cette
interaction.
b. Une orbitale atomique 3dx2 -y2 et une orbitale atomique de symétrie s
peuvent-elles interagir ? Si oui, proposer un diagramme décrivant les énergies
des orbitales moléculaires résultant
de cette interaction.
2.4. On se limitera ici à envisager les interactions possibles entre les
orbitales atomiques 3d
de l'ion métallique et les orbitales des ligands.
a. Montrer que la symétrie de l'orbitale de fragment 1 n'autorise aucune
interaction notable
avec les orbitales 3d du cation métallique central.
b. Déterminer alors quelles orbitales du fragment L6 peuvent interagir avec les
différentes
orbitales atomiques 3d du cation. Expliciter par des schémas clairs les
propositions faites.
Les orbitales du fragment L6 ont une énergie inférieure à l'énergie des
orbitales atomiques
3d de l'ion métallique. Dans un premier temps, nous considèrerons uniquement
l'ensemble des
orbitales atomiques 3d de l'ion métallique et les orbitales du fragment L6
interagissant avec ces
dernières.
c. Proposer un diagramme décrivant les énergies des différentes orbitales
moléculaires résultant de ces interactions. Dans le cas du complexe envisagé
ici, les niveaux d'énergie supérieur et
inférieur sont dégénérés.
8
2.5. Le diagramme orbitalaire précédent n'est pas complet puisqu'il ne tient
pas compte des
interactions existant entre les orbitales atomiques 4s et 4p de l'ion
métallique d'une part et les
orbitales du fragment L6 qui n'ont pas été considérées à la question 2.4.b,
d'autre part. Ces
interactions sont responsables de la formation de :
quatre orbitales moléculaires liantes d'énergies inférieures à l'énergie de
la plus basse des
orbitales moléculaires envisagées à la question 2.4.b.
quatre orbitales moléculaires antiliantes d'énergies supérieures à l'énergie
de la plus haute
des orbitales moléculaires envisagées à la question 2.4.b.
a. Compléter le diagramme orbitalaire obtenu à la question 2.4.c.
b. Indiquer la répartition des électrons dans le complexe CoL3+
6 , complexe de spin électronique
nul.
c. Dans l'hypothèse d'un complexe octaédrique régulier, combien de bandes
comporterait le
spectre d'absorption UV-visible du complexe ?
2.6. On considère maintenant la déformation de l'octaèdre régulier du complexe
CoL3+
6 . Cette
modification de structure s'effectue soit en éloignant (complexe 1, Figure 4)
soit en rapprochant
(complexe 2, Figure 4) deux ligands L selon l'axe z. On ne se préoccupera ici
que des orbitales
moléculaires hautes occupées et basses vacantes du complexe CoL3+
6 , et on admettra que la forme
des orbitales moléculaires est conservée.
z
y
x
Figure 4. Déformation de l'octaèdre régulier
a. Quelle(s) orbitale(s) moléculaire(s) est (sont) susceptible(s) d'être
modifiée(s) au cours
d'une élongation des liaisons cobalt-ligand (complexe 1) ? Comment sera modifié
le diagramme
orbitalaire dans ce cas ?
b. Quelle(s) orbitale(s) moléculaire(s) est (sont) susceptible(s) d'être
modifiée(s) au cours d'un
raccourcissement des liaisons cobalt-ligand (complexe 2) ? Comment sera modifié
le diagramme
orbitalaire dans ce cas ?
c. Dans le cas d'une déformation de l'octaèdre régulier du complexe CoL3+
6 , combien de
bandes comporterait le spectre d'absorption UV-visible du complexe ?
d. Conclure, dans le cadre de ces approximations, sur la géométrie du complexe
T formé.
3. Analyse du composé obtenu
Lors de sa synthèse, il s'avère que le complexe T cristallise avec des
molécules d'eau et de
chlorure d'hydrogène. En 1901, la formule suivante [Co(en)2 Cl2 ]Cl · HCl · 2H2
O a été proposée,
mais cette hypothèse s'est révélée inexacte par la suite. Afin de déterminer la
structure réelle du
solide obtenu, nous allons nous intéresser à l'équilibre (1) :
[Co(en)2 Cl2 ]Cl·aHCl·bH2 O (s) [Co(en)2 Cl2 ]Cl (s) + aHCl (g) + bH2 O (g)
SI
SD
9
(1)
Pour simplifier l'écriture, le solide [Co(en)2 Cl2 ]Cl·aHCl·bH2 O sera noté SI
pour solide initial et le solide [Co(en)2 Cl2 ]Cl sera noté SD pour solide
déshydraté. Lorsque l'équilibre (1) est
établi, sont respectivement obtenues na et nb moles de HCl et de H2 O. Afin de
déterminer la
stoechiométrie du composé SI ainsi que la constante de l'équilibre (1), on
procède à une série
d'expériences, à différentes températures. Pour cela, une masse m0 de solide SI
est placée dans
une enceinte thermostatée initialement vide. Après une phase de mise en
équilibre, l'enceinte est
placée sous vide quelques instants. À l'issue de ce temps, on laisse le système
évoluer vers un
nouvel état d'équilibre et on réalise une série de mesures. Cette séquence est
répétée plusieurs
fois et de nouvelles mesures sont effectuées jusqu'à obtention du seul solide
SD .
Expérimentalement, sont réalisées les mesures suivantes :
détermination de la masse mS de solide (SI + SD ) présente ;
mesure de la pression totale Ptot régnant dans l'enceinte ;
dosage acido-basique de la vapeur en équilibre avec les solides.
L'équivalence est réalisée
pour un volume noté Véq d'une solution aqueuse d'hydroxyde de sodium de
concentration
0,1 mol·L-1 .
Enfin, lorsque l'équilibre (1) est totalement déplacé dans le sens direct, la
masse mD de solide
SD obtenu est déterminée.
Des résultats partiels sont présentés dans le tableau 2 et la figure 5
ci-dessous.
(na + nb) (mmol)
4,20
3,50
Véq (HO- ) (mL)
6
4,9
Tableau 2. Dosage de la vapeur condensée
Ptot /mm Hg
Figure 5. Courbe isotherme représentant la variation de la
pression Ptot en fonction du paramètre de composition x
représentant le rapport mS /mD .
: expérience réalisée à 9, 7 C.
: expérience réalisée à 21, 6 C.
N : expérience réalisée à 25, 4 C.
x
3.1. Expliciter le calcul de la variance relative à l'équilibre (1). En déduire
l'existence d'un
palier en pression à une température donnée (Figure 5). On précise que les
solides SI et SD sont
non miscibles.
3.2. Donner l'équation de la réaction de titrage acido-basique et déduire des
différents dosages
a
la valeur de
.
a+b
10
3.3. En considérant des valeurs particulières de x (Figure 5), déterminer les
valeurs des
paramètres a et b.
3.4. Exprimer la constante d'équilibre K en fonction de la pression totale
régnant dans
l'enceinte. Commenter l'ordre de grandeur de K obtenue à 21,6 C.
3.5. Dans le cadre de l'expérience présentée ici, proposer des conditions pour
que l'équilibre
(1) soit totalement déplacé dans le sens direct.
3.6. Dans le cadre de l'approximation d'Ellingham, proposer une méthode de
détermination
des enthalpie et entropie standard de réaction.
3.7. Expérimentalement, on trouve r H = 344,8 kJ·mol-1 et r S = 861 J·K-1
·mol-1 .
Par comparaison avec les enthalpies de sublimation de l'eau et du chlorure
d'hydrogène, quel(s)
type(s) de liaison(s) peut-on envisager entre les molécules d'eau et de
chlorure d'hydrogène et le
complexe de cobalt.
4. Étude de la réactivité du complexe
Lorsque le complexe cis-[Co(en)2 Cl2 ]+ (noté cis) est mis en solution dans le
méthanol, à 35 C,
en présence d'ions chlorure ajoutés au milieu sous forme de LiCl, il
s'isomérise partiellement pour
donner le complexe trans-[Co(en)2 Cl2 ]+ (noté trans). En parallèle, une
réaction de racémisation
du complexe cis peut être observée (en partant d'un complexe cis
énantiomériquement enrichi)
mais cette réaction ne nous intéresse pas ici.
Afin de comprendre le mécanisme de la réaction d'isomérisation, l'influence de
la concentration des ions chlorure sur la vitesse de réaction a été étudiée
grâce à la spectroscopie d'absorption
UV-visible. En effet, les bandes d'absorption des complexes cis et trans sont
bien différenciées,
ce qui permet un suivi de l'évolution de leurs concentrations.
Expérimentalement, la réaction
admet un ordre global 1 par rapport au complexe cis.
La loi de vitesse est de la forme : visom = kisom ctot où ctot représente la
concentration totale en espèces de géométrie cis, et kisom une constante de
vitesse apparente qui dépend de la
concentration en ions chlorure. Les résultats sont présentés figure 6.
103 kisom /min-1
kisom ([Cl- ]0 = 0) = 3, 2 · 10-3 min-1
pente à l'origine : 250 L · min-1 · mol-1
à t = 0, ctot = 10-3 mol · L-1
Figure 6. Variation de la constante de vitesse d'isomérisation kisom en
fonction de la concentration en
ions chlorure ajoutés [Cl- ]0 , dans le méthanol à
35 C.
102 [Cl- ]0 /mol-1 .L
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Le premier mécanisme postulé met en jeu la formation de paires d'ions complexe
cis-chlorure
(notée cis-Cl) qui réagissent suivant un mécanisme unimoléculaire pour donner
le complexe trans,
comme présenté ci-après.
K
k
1
trans + Cl-
cis + Cl- (cis-Cl) -
4.1. Exprimer la vitesse de la réaction d'isomérisation.
4.2. En considérant la concentration en ions chlorure constante dans le milieu
et égale à
[Cl- ]0 , et ctot = [cis] + [cis-Cl], donner l'expression de la constante kisom
en fonction de K , k1
et de la concentration en ions chlorure ajoutés [Cl- ]0 .
4.3. En déduire l'allure du tracé de la fonction kisom = f([Cl- ]0 ).
4.4. Ce résultat est-il en accord avec la courbe de la figure 6 ?
Un mécanisme plus complexe peut être proposé en incluant la possibilité d'une
seconde voie.
Cette deuxième possibilité repose sur un échange d'un ion chlorure via une
réaction unimoléculaire dont la vitesse est de la forme : v2 = k2 [cis]
K
k
k
2
1
trans + Cl- -
cis + Cl- (cis-Cl) -
trans + Cl-
4.5. Dans l'hypothèse de la coexistence des deux mécanismes, donner
l'expression de la vitesse
de la réaction d'isomérisation.
4.6. Déterminer l'expression de la constante kisom en fonction de K , k1 , k2
et de [Cl- ]0 , en
se plaçant dans le cadre de l'hypothèse de la question 4.2.
4.7. Ce mécanisme est-il plus adapté à l'interprétation des résultats
expérimentaux ?
4.8. Déterminer la valeur de la constante k2 .
4.9. A partir des données du tableau 3, proposer une méthode de détermination
des valeurs
de k1 et de K .
1
1
( mol-1 · L)
(min)
-
[Cl ]0
kisom - k2
14,3
270
20
278
50
303
100
357
Tableau 3. Variation de (kisom - k2 )-1 en fonction de [Cl- ]-1
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