ÉCOLE POLYTECHNIQUE ÉCOLES NORMALES SUPÉRIEURES
ÉCOLE SUPÉRIEURE DE PHYSIQUE ET DE CHIMIE INDUSTRIELLES
FILIÈRE
CONCOURS D'ADMISSION 2011
PC
COMPOSITION DE MATHÉMATIQUES (XEULC)
(Durée : 4 heures)
L'utilisation des calculatrices n'est pas autorisée pour cette épreuve.
Matrices infiniment divisibles
Notations :
On désigne par R le corps des nombres réels et par R+ l'ensemble des réels
positifs ou nuls.
Soit n un entier > 1. On désigne par Mn (R) l'espace vectoriel réel des
matrices carrées à n
lignes et n colonnes. Si M Mn (R), on note det(M ) son déterminant. On désigne
par SMn (R)
le sous-espace vectoriel de Mn (R) des matrices symétriques. On note In Mn (R)
la matrice
identité. On identifie Rn et l'espace des matrices à n lignes et 1 colonne.
Première partie : la fonction
1a. Montrer que
pour réel s > 0, la fonction x 7 e-x xs-1 est intégrable sur [ 0, + [. On
Z +
pose alors (s) =
e-x xs-1 dx.
0
1b. Calculer (m) pour m entier strictement positif.
1c. Montrer que est continue sur ]0, +[.
Å
2a. Montrer que pour tout entier strictement positif m et pour x [ 0, m ], 1 -
Montrer que
lim
m+
1-
x
m
Z m
(1 -
Å
ãm
x
m
ãm
6 e-x .
= e-x .
x m s-1
m! ms
) x dx =
, pour tout réel s > 0 et pour
m
s(s + 1) · · · (s + m)
0
tout entier m. (On pourra procéder par intégrations par parties successives).
2b. Montrer que
2c. Montrer que pour tout réel s > 0, (s) =
1
m! ms
.
m+ s(s + 1) · · · (s + m)
lim
Deuxième partie : matrices positives et produit de Hadamard
Soit A = (aij ) Mn (R). On dit que A est positive si A est symétrique et
X = t (x1 , · · · , xn ) Rn ,
hX, AXi = t XAX =
X
aij xi xj > 0
16i,j6n
où h., .i désigne le produit scalaire euclidien standard sur Rn .
3. Soit A =
Ç
å
a b
b d
SM2 (R). Montrer que A est positive si et seulement si a > 0, d > 0,
det(A) > 0.
4. Soit A = (aij ) SMn (R). Montrer que A est positive si et seulement si ses
valeurs propres
sont des réels positifs ou nuls.
5. Soit A = (aij ) SMn (R) une matrice positive, et 1 , · · · , n des réels.
Montrer que,
posant bij = i j aij , la matrice B = (bij ) est positive.
6. Soit H un espace vectoriel préhilbertien réel, pour lequel le produit
scalaire de deux
éléments x, y H est noté hx, yi. Soient u1 , · · · , un H. On pose aij = hui
, uj i. Montrer que la
matrice A = (aij ) est positive.
Soient A = (aij ), B = (bij ) Mn (R). Leur produit de Hadamard est la matrice
C = (cij )
Mn (R) donné par : cij = aij bij . On désignera cette opération par le signe :
C = A B.
7. Montrer que si A SMn (R) est une matrice positive et si B est une matrice
diagonale à
coefficients diagonaux positifs ou nuls, alors A B est une matrice positive.
8a. Montrer que si A SMn (R) est une matrice positive, elle peut s'écrire
comme somme
de matrices de la forme Y t Y = t (y1 , · · · , yn )(y1 , · · · , yn ), où Y =
t (y1 , · · · , yn ) Rn . On pourra
commencer par le cas où A est diagonale.
8b. Montrer que si A, B SMn (R) sont des matrices positives, alors A B est
une matrice
positive.
Troisième partie : matrices infiniment divisibles
On considère maintenant des matrices A = (aij ) SMn (R) dont les coefficients
sont des
réels positifs ou nuls. Il résulte de la question 8b. que si A est positive,
alors pour tout entier
r > 0, la matrice Ar = (arij ) est positive. On dit qu'une matrice symétrique A
à coefficients aij
positifs ou nuls est infiniment divisible si pour tout réel r > 0, la matrice
(arij ) est positive. On
désignera encore, lorsque r est un réel strictement positif, par Ar la matrice
(arij ).
9a. Soit A M2 (R) une matrice symétrique positive à coefficients positifs ou
nuls. Montrer
qu'elle est infiniment divisible.
2
Ö
è
1 1 0
9b. Soit A = 1 2 1
0 1 1
lesquelles Ar est positive.
. Montrer que A est positive. Déterminer les valeurs de r > 0 pour
10. Montrer que si A = (aij ) est infiniment divisible et si 1 , · · · , n sont
des réels strictement
positifs, alors posant bij = i j aij , la matrice B = (bij ) est infiniment
divisible.
11. Soit A une matrice symétrique à coefficients positifs ou nuls. Montrer que
si pour tout
1
entier m > 1, A m est positive, alors A est infiniment divisible.
12. Soient 1 , . . . , n des réels strictement positifs. On forme la matrice C
= (cij ) avec
1
et on se propose de montrer qu'elle est infiniment divisible.
cij =
i + j
Soit H l'espace vectoriel des fonctions continues sur R+ à valeursZ réelles,
dont le carré est
+
intégrable. On munit H du produit scalaire : pour f, g H, hf, gi =
f (t)g(t)dt. On pose,
0
pour tout t > 0, ui (t) =
e-i t .
12a. Calculer hui , uj i et en déduire que C est positive.
1
1
12b. Montrer que pour r > 0 et > 0, r =
(r)
Z +
e-t tr-1 dt.
0
12c. Soit, pour r > 0, Hr l'ensemble des fonctions continues u sur R+ à valeurs
réelles
telles que la fonction t 7 u(t)2 tr-1 est intégrable Zsur R+ . On admet que
c'est un espace vectoriel.
+
Montrer que si on pose, pour u, v Hr , hu, vi =
u(t)v(t)tr-1 dt, on munit Hr d'un produit
0
scalaire.
12d. Montrer que C est infiniment divisible.
13. Soient 1 , · · · , n des réels strictement positifs. Pour 1 6 i, j 6 n on
pose kij =
(i + j + 1)
. On se propose de montrer que la matrice K = (kij ) est infiniment
(i + 1)(j + 1)
divisible.
13a. Montrer que kij =
Y (i + p)(j + p)
1 m+1
.
m+ m.m!
(i + j + p)
p=1
lim
Ç
13b. Montrer que pour tout entier p > 1, la matrice
divisible. Conclure.
3
(i + p)(j + p)
(i + j + p)
å
est infiniment
16i,j6n
Quatrième partie : matrices conditionnellement positives
On dit qu'une matrice A = (aij ) de Mn (R) est conditionnellement positive si
elle est symétrique et si pour tout X = t (x1 , · · · , xn ) Rn tel que
n
P
xi = 0, on a
i=1
t
XAX =
X
aij xi xj > 0 .
16i,j6n
14. Soient 1 , · · · , n des réels strictements positifs. Posons aij = - ln(i +
j ). Montrer que
A = (aij ) est conditionnellement positive. (Pour X = t (x1 , · · · , xn ) Rn
tel que
f (r) =
xi xj
16i,j6n
xi = 0, on
i=1
pourra introduire la fonction définie sur R+ par :
X
n
P
Ç
1
i + j
år
et utiliser les résultats de la question 12.).
15. Notons J la matrice de Mn (R) dont tous les coefficients sont égaux à 1.
Soit B
SMn (R). Considérons les deux conditions suivantes :
( i) B est conditionnellement positive.
( ii) > 0, > 0 tel que la matrice B + In + J est positive.
Montrer que ( ii) implique ( i).
On admettra dans la suite que ces deux conditions sont en fait équivalentes.
16a. On suppose que A = (aij ) est infiniment divisible et que tous les
coefficients de A sont
strictement positifs. Montrer que la matrice (ln aij ) est conditionnellement
positive.
16b. Réciproquement, supposons que la matrice B = (bij ) est conditionnellement
positive.
En considérant pour tout > 0 une matrice C = (cij ) = B + In + J comme au 15.,
montrer
que pour tout r > 0, la matrice (exp(rcij )) est positive. En déduire que la
matrice (exp(rbij ))
est positive.
2
17a. Soient z1 , · · · , zn des nombres complexes. Montrer que la matrice
(e-|zi -zj | ) est infiniment divisible.
17b. Soient z1 , · · · , zn des nombres complexes. Montrer que pour tout t > 0,
la matrice de coZ +
2
1
- 12 |zi - zj |
efficients
est
positive,
puis
que
la
matrice
de
coefficients
-
t
dt
t + |zi - zj |2
t + |zi - zj |2
0
est conditionnellement positive.
17c. Montrer que la matrice (e-|zi -zj | ) est infiniment divisible.
4