SESSION 2021 (C\ PC2P
CONCOURS
COMMUN
INP
ÉPREUVE SPÉCIFIQUE - FILIÈRE PC
PHYSIQUE
Durée : 4 heures
N.B. : le candidat attachera la plus grande importance à la clarté, à la
précision et à la concision de la rédaction.
Si un candidat est amené à repérer ce qui peut lui sembler être une erreur
d'énoncé, il le signalera sur sa copie
et devra poursuivre sa composition en expliquant les raisons des initiatives
qu'il a êté amené à prendre.
RAPPEL DES CONSIGNES
«_ Utiliser uniquement un stylo noir ou bleu foncé non efjaçable pour la
rédaction de votre composition ; d'autres
couleurs, excepté le vert, peuvent être utilisées, mais exclusivement pour les
schémas et la mise en évidence
des résultats.
° Ne pas utiliser de correcteur.
«_ Écrire le mot FIN à la fin de votre composition.
Les calculatrices sont autorisées.
Le sujet est composé d'un problème constitué de trois parties indépendantes.
Les points sont répartis approximativement de la façon suivante :
Partie I 30%
Partie II 30%
Partie III 40 %
1/13
De la physique dans le vivant
Au cours de leur évolution, de nombreux systèmes biologiques dans la nature ont
développé
d'incroyables spécificités pour s'adapter à leur environnement. Ce sujet
propose l'étude de certaines
de ces spécificités. On s'intéressera ainsi dans la partie I aux qualités
d'adhésion du gecko, avec
l'étude d'interactions entre molécules polaires en sous-partie I.1, puis le
calcul de la force
d'adhérence d'un gecko au plafond en sous-partie I.2. Dans la partie II, on
aborde les facultés
d'isolation thermique du manchot empereur avec quelques généralités sur les
transferts thermiques
en sous-partie IL.1, avant le calcul du métabolisme d'un manchot en sous-partie
IL.2. Enfin, la
partie III propose quelques études autour des propriétés de superhydrophobie de
la feuille de lotus
avec l'analyse de deux expériences : la mesure d'une tension superficielle en
sous-partie IIL.1 et la
mesure de l'angle de contact d'une goutte posée sur un substrat solide par
interférométrie optique
en sous-partie IIL.2. La sous-partie III.3 développe une application de la
superhydrophobie en
microfluidique.
Données
" Opérateur gradient d'un champ scalaire U :
- grad(U) = a, + Ur + OÙ x en coordonnées cartésiennes
X Oy Oz
- orad(U ) = a, + LOU > + OÙ x en coordonnées cylindriques
p 00 "
- orad(U ) = Si + -- LOU ; L Ua en coordonnées sphériques
r
+
r 00 7 r Sin 0 0E
" Opérateur laplacien vectoriel d'un champ vectoriel G=au,+aü, +a,u, en
coordonnées
2 2 2
cartésiennes : AG = (Aa, )u,+(Aa,)u, +(Aa,)u, où Aa... = _ 0 < + 0 < + 0 î 7 Ôx y ©z " Permittivité du vide : £&, =8,85-107° F-m - Constante de Boltzmann : k, =1,38-10 7 J-K" « Constante de Stefan : o =5,67-10 ° W:m °-K * « Intensité de la pesanteur : g =9,81 m-s " - Masse volumique de l'eau : p, --1,00-10° kg-m « Viscosité dynamique de l'eau à 20 °C sous 1 bar : 7, =1,00-10* Pa:s - Coefficient de tension superficielle de l'interface eau/air à 20 °C : y, =73-10° Nm « Définition du debye (D) : 1 D =3,33-10 " C:m 2/13 Partie I - Le gecko Source : Autumn K., L'inusable adhésif des pattes du gecko, Pour la Science, n° 343, 2006, p. 82- 88. Le gecko est un petit lézard capable de se déplacer à des vitesses de plusieurs mètres par seconde sur les murs ou les plafonds de pratiquement toutes natures, dans presque toutes les conditions. Des expériences menées en 2002 par l'équipe de l'américain Kellar Autumn ont montré que la spectaculaire faculté d'adhésion de l'animal est uniquement due à des forces de Van der Waals. L'adhésion est possible grâce à l'anatomie particulière des coussinets des doigts du lézard. Ces derniers sont recouverts de poils microscopiques, les sétules, ramifiés en des centaines de branches terminées par une spatule pouvant s'approcher à quelques nanomètres de la surface de contact. L.1 - Interactions entre molécules polaires On considère une molécule polaire située dans le vide, modélisée par un dipôle électrique rigide de moment dipolaire électrique permanent p, = pu. Le dipôle, centré en un point O, est constitué de deux charges ponctuelles opposées, + g et -- g (avec g>0), situées sur l'axe
(O,%.) aux points
respectifs P et N distants de a=PN (figure 1). On repère tout point M de
l'espace par ses
coordonnées sphériques (r,0,p) dans le repère (O,u,,u,,u,).
PO
PO
,
s
s
s
s
.
,
Le
Y
N(- 9)
Figure 1 - Dipôle électrique centré en un point O
Q1. Expliquer, en prenant l'exemple de la molécule de chlorure d'hydrogène
(HCT), l'origine du
moment dipolaire permanent de certaines molécules. Donner l'expression en
fonction de a et
qg du moment dipolaire électrique p, de la molécule polaire.
Q2. Établir l'expression du potentiel électrostatique V (M) créé en M par la
molécule polaire dans
le cadre de l'approximation dipolaire qu'on explicitera. On donnera le résultat
en fonction de
P,, & et des coordonnées sphériques du point M.
Q3. En déduire que le champ électrostatique E (M ) créé en M par la molécule
polaire s'écrit en
coordonnées sphériques : E,(M) = re C cos(@)ü, +sin(0)ü,).
TE
0
3/13
Une seconde molécule polaire, modélisée par un dipôle rigide de moment
dipolaire électrique
permanent p,, est située au point M sur l'axe (O,u.) tel que 0 = 0, à la
distance r fixe du point ©.
À un instant donné, son moment dipolaire forme un angle & avec cet axe (figure
2). Dans ces
conditions, la molécule plongée dans le champ électrostatique dû à l'autre
molécule située au point
O subit un couple de forces de moment : [= P> AË(M ). On rappelle l'expression
de l'énergie
potentielle d'interaction des deux molécules : EUR, =-ÿ,.E (M).
Q4.
/
P
Figure 2 - Interaction entre deux molécules polaires
Quel est l'effet du couple de forces subi par la molécule fixée au point M?
Justifier
l'orientation de son moment dipolaire électrique lorsqu'elle est en équilibre
stable.
Les deux molécules sont supposées identiques, de moments dipolaires électriques
de même valeur
P.=p;=p=I1D.
Q5.
Q6.
Estimer l'énergie potentielle d'interaction des deux molécules, distantes de 7
= 0,5 nm, en
supposant leurs moments dipolaires électriques alignés. Comparer cette énergie
à l'énergie
d'agitation thermique qui est de l'ordre de X,T où k, est la constante de
Boltzmann, à la
température ambiante T = 293 K . Conclure.
Du fait de l'agitation thermique, on doit considérer l'énergie potentielle
d'interaction
moyenne entre deux dipôles situés à une distance 7 dont les orientations
relatives sont
sujettes à des variations aléatoires. À température suffisamment élevée, on
montre que cette
, C
énergie potentielle d'interaction moyenne est de la forme: (E) =---< où r° Ï p° Ce = -- k,T\2TE, Donner un ordre de grandeur de C, à la température ambiante 7 = 293 K. Vérifier que la force F, qui dérive de cette énergie potentielle est attractive. On rappelle que --_ Fin = grad (£, ). 4/13 1.2 - Calcul de la force d'adhérence du gecko au plafond La force, calculée à la question précédente, correspond à une interaction de Van der Waals entre molécules polaires. Si on considère maintenant deux plans infinis parallèles, distants de D et séparant chacun un milieu solide (figure 3), on montre en prenant en compte l'ensemble des interactions de Van der Waals que la force surfacique entre les deux milieux s'écrit : f (D) = A 6rD*°_ La constante 4, appelée constante de Hamaker, dépend de la nature des interactions de Van der Waals et des densités moléculaires des deux solides en interaction. Q7. Q8. Q9. Milieu solide ) D Vide Y Milieu solide Figure 3 - Deux milieux plans infinis en interaction Vérifier que la constante de Hamaker À est homogène à une énergie. Un gecko de masse m = 50 g est suspendu par ses quatre pattes au plafond. Le gecko possède au total 6 millions de sétules, comportant chacune en moyenne 500 spatules. En modélisant une spatule par une surface carrée de 0,2 um de côté située à une distance D =1 nm du plafond, estimer le pourcentage de sétules utilisées par le gecko pour soutenir sa masse. On prendra A=10 "" J et on négligera tout effet de bord. Sachant que l'équipe de Kellar Autumn a constaté qu'un gecko de 50 g utilise à son maximum d'adhérence uniquement 0,04 % de ses sétules pour soutenir sa masse, peut-on bien imputer les facultés d'adhérence du gecko aux interactions de Van der Waals ? Pourquoi le gecko mobilise-t-1l certainement davantage de sétules pour assurer son adhérence ? À un instant pris pour origine, on suppose que le gecko lâche le plafond et chute de 10 cm avant de se rattraper à l'aide d'une patte à une surface verticale. Sachant que l'équipe de Kellar Autumn a pu mesurer une force de cisaillement (opposée au glissement) de l'ordre de 10 N par patte, estimer la distance que doit parcourir le gecko lorsque sa patte est en contact avec le mur pour s'arrêter. On supposera qu'il mobilise 50 % de la capacité de cisaillement maximale de sa patte. Cette question fait appel à une démarche de résolution de problème. IT est notamment attendu de préciser chaque notation introduite, de présenter de façon claire les hypothèses retenues, de mener de bout en bout un calcul littéral, puis d'effectuer l'application numérique attendue. 5/13 Partie II - Le manchot empereur Source : Gilbert C. ef al, Energy saving processes in huddling emperor penguins : from experiments to theory, Journal of Experimental Biology, vol. 211, 2008, p. 1-8. Le manchot empereur Aptenodytes forsteri est la plus grande espèce de manchots, avec en moyenne une taille de 1,2 m et une masse corporelle de 30 kg. Ce manchot est capable d'affronter sur de longues durées les conditions climatiques extrêmes de l'Antarctique, caractérisées par des températures moyennes de -- 40 °C lors des longues nuits polaires du mois de juin et des températures ressenties atteignant les -- 200 °C lorsque le blizzard souffle au plus fort. Le secret de cette exceptionnelle capacité d'isolation thermique réside dans toute une série d'adaptations, en particulier physiologiques et comportementales. Du point de vue des échanges thermiques, on modélise un manchot par un cylindre d'axe (O,u.), de rayon À = 10 cm, de longueur / = 1,2 m, recouvert successivement : - d'une couche de graisse d'épaisseur e,--=2,0cm et de conductivité thermique À, = 0,20 W:m '.K; - d'une couche de filaments duveteux enfermant une épaisseur e, =1,0 cm d'air de conductivité thermique 2, =0,026 W:m -K- : - d'une couche très dense de plumes courtes et raides, disposées en diagonale et imbriquées les unes dans les autres pour former un véritable «coupe-vent » imperméable à l'eau, d'épaisseur e, =2,0 cm et de conductivité thermique À, = 0,035 W.: m -K''. En régime stationnaire, le métabolisme de l'animal fournit une puissance P, permettant de maintenir sa température interne 7: constante. IL.1 - Généralités On considère deux cylindres de même axe (O,u,), de longueur £ et de rayons À et k,, de surfaces latérales 1sothermes portées aux températures respectives T et T,