SESSION 2000 PSIOO7
A
CONCOURS (0MHUNS POlYTECIINIOIIES
ÉPREUVE SPÉCIFIOUE-FILIÈRE PSI
MATHÉMATIQUES z
DURÉE : 4 heures
Les calculatrices programmables et alphanumériques sont autorisées, sous
réserve des conditions
définies dans la circulaire n° 99--018 du 01.02.99.
Une feuille de papier millimètré devra être distribuée avec le sujet.
Le problème est consacré à l'étude des courbes dites "courbes de Bézier", du
nom de l'ingénieur
français Bézier, l'un des créateurs, dans les années 1960, de cet outil très
répandu aujourd'hui dans
l'industrie automobile et plus généralement dans le vaste domaine
d'applications que constitue la
conception assistée par ordinateurs (CAO).
Notations utilisées dans le problème et quelques rappels
N désigne l'ensemble des entiers naturels, R le corps des réels. Les notations
usuelles en découlent
pour les ensembles construits à partir de ceux-là. Par exemple, N* désigne
l'ensemble des entiers
naturels non nuls, R+ l'ensemble des réels positifs ou nuls, etc.
Dans tout le problème, le plan vectoriel réel R2 est muni de la base canonique
(i, ;) :
{? = (1,0)
Î = (0,1)
Chaque vecteur u e R2 s'identifie ainsi au couple de ses coordonnées dans la
base canonique.
Un point de vue différent mais cohérent avec ce qui précède permet que les
éléments de R2 soient
parfois appelés points, l'ensemble R2 étant alors muni de sa structure de plan
affine et repéré par le
repère canonique (0,Î, Î), où 0 = (0.0). Tout point du plan s'identifie alors
au couple de ses
coordonnées dans ce repère. On pourra ainsi écrire simplement :
M = (x, y)
pour exprimer que les coordonnées du point M dans le repère canonique sont (x,
y).
Etant donné deux points M et N, on posera N --M : MN . Cette écriture est
cohérente avec les
conventions précédentes, comme le montre la relation existante entre les
coordonnées du vecteur
MN et celles des points M et N.
De façon équivalente, on pourra écrire :
N=M+MN.
Tournez la page S.V.P.
]. 1002
Plus généralement, si n désigne un entier naturel non nul, (M,...,À,,) une
famille de n scalaires et
(Pl,...,Pn) une famille de n points, l'expression MP] + À2 P2 +...+À,, P,,
désignera le point (ou, selon
le contexte, le vecteur) dont les coordonnées sont données conformément à cette
expression.
n
En particulier, si le n--uplet (M,... .,À,,) vérifie E Àk : 1 , l'expression
MP] + À2 P2 +.. . +À,, P,,
k=l
désigne le barycentre des points (P] ,...,P") affectés respectivement des poids
(À... .,À,,).
Le candidat remarquera qu'avec ces conventions, la propriété d'associativité du
barycerytre
s'exprime d'une façon très simple et naturelle.
Pour tout entier n, on note L ,, l'ensemble des n-uplets de points du plan.
Autrement dit, L,, = (RZÏ' .
On ne fera pas de différence entre L] et le plan R2 .
Par ailleurs, on note A l'ensemble des courbes paramétrées c de la forme
c .- [0,1] --> R2
t l-> (x(tl y(t))
avec x et y fonctions continues du paramètre t e [O, 1].
On définit par récurrence une suite (B,l )neN d'applications en posant :
l) Bo est l'application de L1 dans A qui à tout point P EUR L1 associe la
courbe paramétrée constante
(de trajectoire réduite à un point)
BO (P) .- [0,1]-> R2
t ----> P
2) Pour tout n 2 1, B,! est l'unique application de l'ensemble L,... dans
l'ensemble A qui satisfasse
la relation
V(P0,Pl,...,Pn)e L,...Vte [0,11
En (P0'Pl""'Pn Xt) : (1 _t)Bn--l (PO'Pl ""'Pn--l Xt)+tBn--l (P] ""'Pn )(t)
L'arc paramétré
B,,(P......,P,,): [0,1]--9 R2
n-> B,(Po,...,Pn )(t)
est appelé la courbe de Bézier associée aux (n +1) pôles P0, P1, , P,,.
Afin d'alléger la notation, pour toute famille Fe L,..., la courbe de Bézier
associée aux (n +1)
pôles F sera le plus souvent notée B,, F ou même BF.
De façon générale, et sauf mention explicite du contraire dans l'énoncé, on ne
fera pas appel aux
coordonnées des points.
PARTIE I
[.Il Cas n = 1.
Soit F: (PO,P,)e L2,
1.1.1/ Exprimer, en fonction du paramètre t et des points PO et P] , le point
courant de la courbe
de Bézier associée àla famille F, c'est-à--dire le point BF(t) : Bt. F(t).
1.1.2] Quelle est la trajectoire de l'arc paramétré BF ?
I.2/ Cas n = 2.
Soit F: (PO,PI,P2)eL3.
1
1.2.1/ Soit, pour ie {0,1}, Q,- le milieu de P,-- et P.... Montrer que BF(5)
est le milieu de
Q0 et Q1 .
I.2.2/ Déterminer BF(O) et BF(I).
I.2.3/ Exprimer en fonction de t le point courant B,,--(t) comme barycentre des
trois pôles Po , P]
et P2 , avec des coefficients dont la somme fait l.
I.2.4/ On suppose P0 = (1,0), P] = (0,0) et P2 = (0,1).
d 2 B t
I.2.4.1/ Calculer _(dtî--(l) ; en déduire la nature de la trajectoire de l'arc
paramétré B,.
I.2.4.2/ Tracer la trajectoire de B,, (on prendra (O,Î,Î) orthonormé avec une
unité de
longueur de 4 cm).
PARTIE II
II.1/ On rappelle qu'une partie non vide K du plan est convexe si et seulement
si
' V(M,N)e K2,VÀe [0,1] ,(1--À)M+ÀNE K.
II.1.1/ Montrer qu'une partie non vide K du plan est convexe si et seulement si
n n
Vn e N*,V(Ml,...,Mn)e K",V(Àl,...,Àn)e (R,)", ZA,, = 1=> EMM, e K.
k=l k=l
II.1.2/ Soit E une paflie non vide du plan, et soit W un ensemble non vide de
parties convexes du
plan contenant E. Montrer que l'intersection de tous les convexes appartenant à
W, c'est-à-dire
(] K , est un convexe contenant E.
KeW
Dans la suite, pour toute partie non vide E du plan, on note C(E) l'enveloppe
convexe de E,
c'est--à-dire l'intersection de toutes les parties convexes du plan contenant E.
II.].3/ Soit E une partie non vide du plan. Montrer l'équivalence
E convexe (=> E = C(E).
11.1.4/ Soient G et H deux parties non vides du plan. Prouver l'implication
(G G H)=> (C(G)c C(H)).
Tournez la page S.V.P.
II.1.5/ Soit E une partie non vide du plan. Montrer que
{ _ n n ]
605) = {lM ER2,3n & N*,3(Ml,...,Mn)e E",3(Àl,...,Àn)e (R+ )",Exk = 1 et M =
EkkMkJ}
k=l k=l
Dans la suite, pour tout entier naturel n et toute famille de points F G L ,, ,
on notera encore C(F )
l'enveloppe convexe des points formant la famille F.
Il.l.6/ Démontrer, par récurrence sur n, que pour tout entier naturel n et
toute famille F E L
la trajectoire de B", ,.-- est incluse dans C(F )
n+l*
II.2/
Il.2.l/ Soit (p une transformation affine du plan. Démontrer, par récurrence
sur n, que pour tout
entier naturel n et toute famille F E L ,..., on a
Vt EUR [011], (p(BMF(t))= Bn,(p(F)(t)'
où (p(F ) désigne la famille obtenue en appliquant (p à chacun des points de la
famille F.
[1.2.2] Soit un triangle quelconque P0P|Pz, non aplati; en s'aidant de la
question 1.2.4,
tracer à main levée la courbe de Bézier associée, et justifier le tracé.
Déduire également de
la question 1 .2.4 la nature de cette courbe.
PARTIE III
III.1/ Fonctions de mélange.
III.1.1/ Démontrer, par récurrence sur n, que pour tout entier naturel n il
existe n +1 fonctions
polynômes bmk:[0,I]-->[O,l], de degré inférieur ou égal à n, telles que, pour
toute famille
P: (P...... Pn)e Ln+1 , on ait
On ne cherchera pas dans cette question 111.1.1 à exprimer explicitement les
fonctions bn, k
( appelées fonctions de mélange).
Au cours de la démonstration demandée, le candidat mettra en évidence la
relation entre
bn+l,k)bn,k et b,L k_1 vérifiée lorsque 15 k 5 n, ainsi que la relation entre
b,..._0 et b,... et celle qui
a lieu entre b,,+Ln+l et b,....
Ill.l.2l Pour cette seule question, on prend n = 3. Déterminer les polynômes
b3,k (t) pour
k & {0,...,3}.
Ill.l.3/ n désigne à nouveau un entier naturel non nul quelconque. Déterminer,
pour tout
k E {O, n}, une formule simple exprimant b,,_ k(t) en fonction de t, de n et de
k.
l
Pour tout k EUR {0,..., n}, on pose In,k : Ib,"EUR (t)dt.
0
n
111.1.4/ Déterminer 2 1,1, ,, .
k=0
III.l.5/ Déterminer, en fonction de n et k, la valeur de [M (on pourra faire
une intégration par
parties).
III.2/ Soit n eN* et F : (Po,... P,,)eL,.... On note Ë la famille obtenue à
partir de F en
inversant l'ordre des pôles : F" = (Pn, Pn_1,. Po) E L,... .
III.2.1/ Quelle relation a--t--on entre B" F et En, F ?
III.2.2/ Comparer les trajectoires respectives de B" F et de B", F.
PARTIE IV
IV.1/ Soit n eN* et F: (Po,...,Pn)eLn+l.
Soit V l'espace vectoriel réel des polynômes à deux variables notées S et T, de
degrés partiels
inférieurs ou égaux à n.
n n
Autrement dit, les éléments de V sont de la forme 2 EOLÜSiTÏ , avec on,-]-- E R
pour tout
i=0 j=0
(i, j)e {o... .,n}2.
Les monômes de la forme S iTj constituent une base de V, dite base canonique de
V.
A tout t EUR [0,1], on associe l'application linéaire 'P,:V -----> R2
caractérisée par l'image des vecteurs
de la base canonique :
V(i, j)e {O,...,n}2,'--I',(SiTÏ)= HP,.
Par ailleurs, pour tout couple d'entiers naturels (i, j) te] Que _i+ j S n, on
pose :
C... = B,(P,,P,,,,....,gJ
IV.1.1/ Trouver un polynôme Z & V, dont on donnera l'expression en fonction de
S et T, tel que
pour tout couple d'entiers naturels (i, j) tel que i+ j S n, on ait :
Ci,j(t)= 'P, (215! )
On pourra faire une démonstration par récurrence sur i.
' IV.1.2/ Utiliser le résultat précédent pour retrouver la formule de la
question III.1.3.
IV.1.3/ Déterminer B,:(O) et BF(l).
. . d (BW)
IV.l.4/S tWGV.V' fe --'P W ='P -- .
01 en 1 rque dt ,( ) '\ ôT
' d
IV.1.5/ Exprimer le vecteur dérivé :1Ï Bm F(t) à l'aide des points C,,_L0 (t)
et C,,-... (t).
IV.1.6/ On suppose les pôles P,- deux à deux distincts. Déterminer la droite
tangente à la
trajectoire de Bp au point de paramètre t = 0 ; même question en t = l.
IV.1.7/ Dérivée k--ième.
IV.1.7.1/ Z désignant le polynôme introduit à la question IV.1.1, déterminer,
pour tout
k n
k EUR l,...,n , la dérivée artielle flZ--) . On laissera l'expression demandée
sous forme
p ôT"
factorisée.
IV.1.7.2/ Pour tout k & {l,..., n}, exprimer en fonction des pôles le vecteur
dérivé k-ième de
B", ,-- en t = 0, c'est-à--dire le vecteur B,,_ F(k)(0). Constater que ce
vecteur ne dépend que des
k +1 premiers pôles de la famille F.
IV.2/ Dans cette question, on prend n = 3, PO : (--1,0), P] = (0,2), P2 :
(O,--2) et P3 = (1,0).
Montrer que la courbe de Bézier associée à cette famille de pôles est
symétrique par rapport à 0
(on pourra exploiter le résultat de la question II.2.1), puis tracer cette
courbe.
On travaillera sur papier millimètré, avec une unité de 5 cm. Le tracé
s'appuiera en particulier sur
\ - \ l
les tangentes a la courbe aux pomts de parametres t e {O, 5,1} .
PARTIE V
Soit q EURN*, (M,,M2,...,Mq) une famille de q points du plan et (l',...,tq) une
famille de q réels
deux à deux distincts pris dans l'intervalle ]O,l[. Pour tout ke {l,...,q} les
coordonnées de Mk
seront notées (ak ,B,, ).
Par ailleurs, soit n e N*. La présente partie V vise à aborder le problème de
la détermination d'une
famille de pôles FE L,... telle que la courbe de Bézier BF s'approche au mieux
des points Mk.
Plus précisément, on pose
g:L,... --)R
G l-----> Ê[d(Mk,Ba(tk ))]2
où d désigne la distance euclidienne canonique sur R2 , et l'on cherche F tel
que :
F= ' G.
g() aZËÎ,,g<) Afin de travailler avec une fonction de plusieurs variables réelles, on identifie L ,... et R2" +2 grâce àla bijection : Y ., R2n+2 _) Ln+l (x0'y0'""xn'yn)H ((x0'y0)""'(xn'yn» et la recherche d'un minimum pour g revient à celle d'un minimum def, où l'on a posé : f=g°r V.1/ Montrer que f est une application de classe C1 sur R2"+2 . ä' V.2/ Exprimer la dérivée partielle 8_ en fonction des variables (x0,...,xn, yo,..., y,,), de l'indice xi ie {O,...,n,}, des données du problème et des fonctions de mélange (voir question 111.1). Donner de même l'expression de (,Î--f . Yi ' + e r ] (i,j)e{0,...,n}2 dordre n 1, un vect u co orme U : (ui)os:'5n et un vecteur colonne V : (vi)OsiSn tel que si F = ((x... Yo ),...,,(xn y,1 )) minimise la V.3/ Déterminer une matrice carrée non nulle A = ai]- x0 yo fonction g, alors les vecteurs colonnes X = 3 et Y = 3 vérifient les systèmes linéaires xn yn AX : U AY : V Bien entendu, l'expression de A, U et Vne doit faire intervenir ni les x j ni les y j . CONCLUSION Dans le cas où A est inversible, on dispose ainsi d'un procédé pour déterminer la famille F cherchée, car on peut alors démontrer par un argument topologique que cette famille F minimise effectivement la fonction g. En praticzue, les choses sont en fait un peu plus complexes, car on ne dispose généralement que des points M , ,M 2,...,Mq) mais pas des valeurs (tl ,...,tq ).