A 2010 MATH II PSI
ECOLE DES PONTS PARISTECH.
SUPAERO (ISAE), ENSTA PARISTECH,
TELECOM PARISTECH, MINES PARISTECH
MINES DE SAINT ETIENNE, MINES DE NANCY,
TELECOM BRETAGNE, ENSAE PARISTECH (Filiere PSI).
ECOLE POLYTECHNIQUE (Filiere TSI).
CONCOURS 2010
SECONDE EPREUVE DE MATHEMATIQUES
Filiere PSI
(Duree de l'epreuve : trois heures)
Sujet mis a la disposition des concours :
Cycle international, ENSTIM, TELECOM INT, TPE-EIVP.
Les candidats sont pries de mentionner de facon apparente
sur la premiere page de la copie :
MATHEMATIQUES II - PSI
L'enonce de cette epreuve comporte 6 pages de texte.
Si, au cours de l'epreuve, un candidat repere ce qui lui semble etre une erreur
d'enonce, il
le signale sur sa copie et poursuit sa composition en expliquant les raisons
des initiatives
qu'il est amene a prendre.
Determinants et formule de condensation.
Le but de ce probleme est de montrer la formule dite de condensation sur les
determinants et d'en explorer les applications et generalisations.
Notations
Soit n un entier superieur ou egal a 1 et M une matrice de Mn (R) (l'ensemble
des
matrices carrees d'ordre n a coefficients reels). On dira aussi que M est une
matrice
de taille n × n.
· On note Mi,j le coefficient de M qui se trouve sur la i-eme ligne et j-eme
colonne.
· On note t M sa transposee definie par t Mi,j = Mj,i pour tout i, j {1, 2,
..., n}.
· On note detM son determinant.
· Pour n 2 et i, j {1, 2, ..., n}, on note [M ]ji la matrice de Mn-1 (R)
obtenue
a partir de M en enlevant la i-eme ligne et la j-eme colonne.
· Plus generalement, soit r 0.
Pour n r + 1 et i1 , ..., ir , j1 , ..., jr {1, 2, ..., n}, verifiant ik 6=
il et jk 6= jl si
,...,jr
k 6= l, on note [M ]ji11,...,i
la matrice de Mn-r (R) obtenue a partir de M en enlevant
r
les lignes d'indices i1 , ..., ir et les colonnes d'indices j1 , ..., jr . On
conviendra que cette
matrice vaut M si r = 0.
· On note ComM la comatrice de M definie par
(ComM )i,j = (-1)i+j det[M ]ji
· On designera par In la matrice identite de Mn (R) et par e = (e1 , . . . , en
) la base
canonique de l'espace vectoriel reel Rn .
I. Preliminaires.
1 - Soit n N un entier non nul. Montrer que l'application N de Mn (R) dans R
definie par
M Mn (R), N (M ) = sup |Mi,j |,
i,j{1,...,n}
est une norme sur Mn (R).
Dans le cas ou M Mn (R) n'est pas inversible, on rappelle qu'il existe deux
matrices inversibles P et Q (de tailles n × n) telles que M = P.J.Q ou
1
.
.
(0)
,
1
J =
(0)
0
.
0
2
J etant une matrice diagonale dont les r premiers elements diagonaux valent 1
et dont
les n - r derniers elements diagonaux valent 0. Si J = 0 on convient que r = 0.
2 Rappeler l'interpretation de r.
3 - On conserve les notations de la question precedente. Montrer qu'il existe
une suite
de matrices inversibles (Jk )kN de Mn (R) telle que M = limk+ P.Jk .Q au sens de
la distance associee a la norme N.
4 - Montrer que le determinant definit une fonction continue de Mn (R), muni de
la
distance associee a la norme N , dans R (on pourra ecrire le determinant comme
une
somme de fonctions toutes en forme de produits).
II. Formule de condensation
On se propose de montrer dans cette partie la formule de Desnanot-Jacobi, dite
de condensation, suivante ou n est un entier 3 :
M Mn (R),
1
n
1
n
detM det[M ]1,n
1,n = det[M ]1 det[M ]n - det[M ]n det[M ]1
(1)
5 - Soit i {1, 2, ..., n}. Calculer
Mi,1 det[M ]1i - Mi,2 det[M ]2i + ... + (-1)n-1 Mi,n det[M ]ni
en fonction de detM et de i.
6 - Montrer que
Mj,1 det[M ]1i - Mj,2 det[M ]2i + ... + (-1)n-1 Mj,n det[M ]ni = 0
pour i, j {1, 2, ..., n}, verifiant i 6= j (on interpretera le membre de
gauche comme
le developpement par rapport a une ligne du determinant d'une certaine matrice).
7 - Deduire des deux questions precedentes le fait que M . t (ComM ) = xIn ou x
est
un nombre reel que l'on precisera.
On introduit la matrice de Mn (R) suivante :
det[M ]11
0 0 . .
2
-det[M
]
1 0 . .
1
3
det[M ]1
0 1 . .
.
. . .
M =
.
. .
.
.
. .
(-1)n det[M ]n-1
0
0 . .
1
n+1
n
(-1) det[M ]1 0 0 . .
3
. 0 (-1)n+1 det[M ]1n
. 0 (-1)n+2 det[M ]2n
. 0 (-1)n+3 det[M ]3n
.
.
.
.
. .
.
. 1
-det[M ]n-1
n
. 0
det[M ]nn
Autrement dit, M est obtenue a partir de t (ComM ) en remplacant, pour chaque
i {1, . . . , n} et chaque j {2, . . . , n - 1} le coefficient t (ComM )i,j
par 0 si i 6= j et
par 1 si i = j.
8 - Calculer detM en fonction de det[M ]11 , det[M ]nn , det[M ]1n , det[M ]n1
.
9 - Ecrire le calcul explicite de la matrice produit M . M sous la forme du
tableau
usuel de taille n × n.
10 - En utilisant la question precedente, demontrer (1) dans le cas ou M est
inversible.
11 - Demontrer (1) dans le cas ou M n'est pas inversible.
III. Algorithme de Lewis Carroll
Le Reverend Charles L. Dodgson, plus connu sous son nom de plume, Lewis
Carroll, s'est servi de la formule de condensation (1) pour mettre au point un
algorithme
de calcul de determinant n × n, n'utilisant que le calcul de determinants 2 × 2.
L'algorithme fonctionne comme suit.
On doit trouver le determinant d'une matrice M de taille n × n.
Pour cela, on met en jeu une suite de couples de matrices (A(k) , B (k) ) Mn-k
(R)×
Mn-k-1 (R) pour k = 0, ..., n - 2 definies comme suit.
Pour k = 0, A(0) = M et B (0) est la matrice de Mn-1 (R) dont tous les
coefficients
valent 1.
Voici comment l'on passe du couple (A(k) , B (k) ) (k n-3) au couple (A(k+1) ,
B (k+1) ).
Si aucun des coefficients de B (k) n'est nul, (ce qui est le cas pour B (0) )
alors on
pose,
(k)
(k)
1
Ai,j
Ai,j+1
(k+1)
, i, j {1, . . . , n - k - 1}
Ai,j = (k) ×
(k)
(k)
Ai+1,j Ai+1,j+1
Bi,j
(k+1)
Bi,j
(k)
= Ai+1,j+1 ,
i, j {1, . . . , n - k - 2}.
(k+1)
Bien entendu, dans le membre de droite qui definit le terme Ai,j , | | designe
un
determinant 2×2. Enfin, si (A(n-2) , B (n-2) ) a pu etre defini par la
precedente procedure,
(n-1)
alors on definit la matrice de taille 1 × 1, A(n-1) = (A1,1 ) par :
(n-1)
A1,1
=
1
(n-2)
B1,1
(n-2)
(n-2)
A1,1+1
A1,1
.
(n-2)
(n-2)
A1+1,1 A1+1,1+1
×
Noter qu'il n'y a pas de terme B (n-1) . L'algorithme se termine en affirmant
que
(n-1)
A1,1
= detM, on prouvera plus loin sa validite. Si l'un des coefficients de B (k)
est nul, l'algorithme ne s'applique pas, et Lewis Carroll preconise de
recommencer
apres avoir echange (convenablement) des lignes dans la matrice initiale.
4
Exemple :
2
0
1
3
1 1 1
-1 2
1 -2
M = A(0) =
B (0) = 1 1 1
0 -1 1
3
1 1 1
2
4 -3 2
4 -2 -5
2
1
(1)
(1)
5
B =
A = 1 3
-1 1
2 -1 11
7 5
(2)
A =
B (2) = 3
7 38
A(3) = 77
Le determinant de M vaut donc 77.
12 - Appliquer cet algorithme au calcul du determinant de
1 -2 -1 3
2
1 -1 2
-1 -2 1 -3
0 -1 -1 2
13 - Soit M Mn (R). On suppose que l'algorithme se termine sans qu'aucun des
coefficients des matrices B (i) ne s'annule. Quel est le nombre un de
determinants 2 × 2
que l'on a calcule au cours de la procedure ?
Une autre methode de calcul de determinant consiste a repeter le developpement
suivant des lignes par cofacteurs jusqu'a ce qu'on obtienne des determinants 2
× 2.
L'objet de la question suivante est d'etudier le nombre vn de determinants 2 ×
2 ainsi
obtenus.
14 - Soit donc vn le nombre de determinants 2 × 2 calcules lorsque l'on applique
la methode de developpements successifs par rapport a des lignes pour calculer
le
determinant d'une matrice de taille n × n. Etablir une relation entre vn et
vn-1 . Puis,
comparer un et vn lorsque n +.
On se place desormais dans le cas ou l'algorithme de Lewis Carroll s'applique.
On
se propose de montrer sa validite.
15 - Soit r, s {1, 2, ..., n - 2}. En appliquant la formule de condensation,
montrer
(2)
que Ar,s est le determinant d'une matrice 3 × 3, extraite de M , que l'on
precisera.
16 - Soit k {1, 2, ..., n - 1} et r, s {1, 2, ..., n - k}.
(k)
Generaliser le resultat precedent en exprimant Ar,s comme le determinant d'une
matrice de taille (k + 1, k + 1) extraite de M que l'on precisera. Prouver que
(n-1)
A1,1
= detM
5
ce qui etablit la validite de l'algorithme.
IV. Le -determinant
Soit R. On introduit la notion de -determinant d'une matrice M de Mn (R)
convenable, note det M , de la maniere suivante.
Soit (a) M1 (R), det (a) = a.
a b
a b
Soit
M2 (R), det
= ad + bc.
c d
c d
On impose de plus, pour toute matrice M de Mn (R), la formule de condensation
suivante :
1
n
1
n
det M det [M ]1,n
1,n = det [M ]1 det [M ]n + det [M ]n det [M ]1
(2)
Cette condition (2) permet donc de definir, par recurrence, le -determinant pour
une matrice M de taille n×n, a la condition de ne pas avoir a diviser par 0 au
cours de
son calcul. Plus precisement, supposons que cette procedure par recurrence ait
permis
de definir le membre de droite de (2) ainsi que det [M ]1,n
1,n et qu'en plus ce dernier soit
non nul. Alors on definit det M par (2) puisqu'on peut diviser par det [M ]1,n
1,n 6= 0.
Dans la suite, M designe une matrice de Mn (R) pour laquelle det M est bien
defini.
17 - Soit t R\{0}, et j {1, ..., n}. On note Mt,j la matrice obtenue a partir
de
M par multiplication de la j eme colonne de M par t. Montrer que det Mt,j est
bien
defini et donner sa valeur en fonction de det M et de t.
On considere un vecteur (x1 , x2 , . . . , xn ) de Rn tel que les reels xi sont
tous non
nuls. On introduit la matrice de Vandermonde de taille n × n :
V (x1 , x2 , . . . , xn ) = (xj-1
)1i,jn ,
i
ou xj-1
est le coefficient situe sur la i-eme ligne et la j-eme colonne.
i
18 - On suppose que xj + xi est non nul pour tous i, j {1, . . . , n} tels que
1 i < j n. Calculer det V (x1 , x2 , ..., xn ) en fonction des xj + xi , (i, j {1, . . . , n}). (On commencera par le cas n = 3 puis on procedera par recurrence sur n). Fin du Probleme 6